ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
BOURGES,
le 1er juin 2013.

Compte rendu du séjour du 31 mai au 3 juin 2013
par Dominique Samson.

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Bourges, un royaume éphémère,
où les aléas de l'histoire de France
se racontent à un anégien curieux.

Bourges, lieu de nos rencontres ou retrouvailles et de l'Assemblée Générale de l'ANEG pour 2013, voilà de quoi satisfaire ma curiosité. Je ne connais absolument pas Bourges, je soupçonne une ville de province endormie, frileuse, loin des agitations des grandes villes comme Paris, par exemple. J'ai pourtant entendu parler d'un certain Charles, dauphin, cinquième fils du roi Charles VI. Ce Charles VII, chassé de Paris en mai 1418 par les turbulents Bourguignons, vint trouver refuge à Bourges (cela fera donc exactement 595 ans ; comme le temps passe !). Il y restera jusqu'en 1436. Pas besoin d'un boulier du Moyen-Âge ou d'une calculette du XXIe siècle pour voir que cela fait donc dix-huit années de présence dans la ville. Je suis donc prudent dans mes jugements définitifs. Une personne royale, cela doit être accompagnée par une cour et de nombreux serviteurs. Elle ne doit pas avoir logé pendant tout ce temps dans une tente ou une maison ordinaire. Cela a dû laisser des traces patrimoniales et historiques. Et puis, j'ai entendu aussi parler d'un certain et célèbre Jacques Cœur, un riche bourgeois (pas seulement parce qu'il habitait Bourges) qui s'était fait construire un magnifique palais. Je me rappelle également que la première Maison de la Culture en France fut celle de Bourges, inaugurée en 1964 par André Malraux, très grand ministre de la Culture sous le président De Gaulle. Mis en appétit, voilà qui demande à être vérifié sur place, en plus d'observer si l'amitié est toujours aussi forte entre sœurs et frères de notre chère association. J'irai d'agréables rencontres à de délicieuses découvertes et je ne serai pas déçu du voyage.

Tout d'abord, se faire envoyer par l'Office de tourisme de Bourges, cartes de la ville et dépliants divers. Puis s'équiper d'un bon guide touristique et patrimonial (je recommande celui des Éditions du Patrimoine, édité par le Centre des Monuments Nationaux), d'un gros cahier, de stylos, d'un appareil photos. Cibler ce qu'il y a à voir en priorité à Bourges et trouver un chauffeur rassurant pour du co-voiturage. Et c'est parti. Vive les voyages grâce à l'ANEG.

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Vendredi 31 mai :


Bureau d'accueil.
© Photo (1) : Colette Rumpler - 31/05/2013

Venu de Rouen, ville où l'on brûla Jeanne d'Arc en 1431, celle justement qui fit que Charles VII fut sacré roi du royaume de France en 1429 et ne sera plus considéré avec mépris comme le simple " Roi de Bourges ", j'arrive en fin d'après-midi dans le faubourg nord de Bourges. Avant de continuer, je rappelle que Jeanne d'Arc vint à Bourges, avant et après le siège de La Charité, en 1429. Je suis donc un peu en retard par rapport à elle. Mais je n'ai pas envie de brûler, sauf pour vous mes sœurs de l'ANEG. Toutes les banlieues, hormis celles de Navarre, se ressemblent. Grandes cités pavillonnaires, grands immeubles, grands boulevards, grands commerces et grand désintérêt pour un touriste comme moi. Le séjour va se dérouler au CREPS Région Centre, mot mystérieux qui veut dire " Centre Régional d'Éducation Populaire et Sportive ". Établissement de haut niveau, il forme les futurs professionnels de la filière, sportifs, entraineurs et professeurs de sport. Rassurez-vous, on ne va pas demander à la gente féminine de lever la jambe ou de grimper à la corde, ni au sexe masculin de manier les haltères ou d'exacerber les aiguilles du chronomètre.

Sur la terrasse de nos chambres...

... face au stade et au grand air.
© Photos (3) : J. Sauval-Schmutzler - 01/06/2013

Quoique que... Les Anégiennes, anégiens, vont quand même beaucoup marcher pendant les quelques jours qui vont suivre. Le lieu comprend 118 chambres avec 234 lits, 18 chambres de couples, un restaurant de 250 places, une cafétéria, un amphithéâtre de 280 places, 12 salles de réunion, un parking de 200 places pour voitures. Cela, c'est pour nous. Nous n'irons pas au centre de balnéothérapie (sauna, hamman, jacuzzi). Dommage, j'aurais aimé savoir qui est bonne masseuse dans l'association. Ni dans la salle de sport de combat (trois rings), ni sur la piste d'athlétisme. Après forces poignées de mains, embrassades, étreintes amicales, nous récupérons les cartes nominatives par couleurs et les clefs des chambres, quelquefois au bout de longs couloirs, et prenons nos repères dans ce vaste ensemble. Nous croisons des adolescents élancés et musclés et de belles jeunes filles, en chaussures de sport et jogging, logés dans certains pavillons réservés pour eux. Je devine sur leurs visages un peu d'étonnement de croiser cette foule qui ressemble si peu à des sportifs. Et oui, nous n'avons pas perdu pas notre jeunesse de cœur, mais la ligne, c'est une autre affaire...

Premier repas au self. Quelques-uns s'étonneront de ne pas être dans un restaurant, plutôt dans une cantine. Mais est-ce si grave ? L'essentiel de notre présence à Bourges n'est pas là.

Premier repas pris en commun : qu'il est bon de se retrouver.
© Photos (6) : J. Sauval-Schmutzler - 31/05/2013

Mais comme c'est singulier cette faculté d'avoir la bougeotte, malgré des problèmes provisoires de circulation sanguine dans les jambes (vous allez tout savoir sur moi !), quand je suis quelque part où il y a la promesse de nouvelles découvertes. Toujours équipé d'un plan dans la poche (car de lointaines expériences de vacances où je n'étais pas muni de ce précieux assistant m'ont valu quelques heures stressantes), je décide d'aller à Bourges-centre pour un premier contact. Il n'y a plus de bus en soirée. Qu'à cela ne tienne, il y a mes jambes. Je m'aperçois vite que le chemin est long, mais pas après pas, j'avance. Après avoir franchi les voies de chemin de fer, puis la rivière d'Yèvres, première surprise, il y a des maisons à pans de bois, en crépi gris. J'appendrais plus tard qu'il y a 430 maisons à pans de bois à Bourges et que la ville n'a pas subi de bombardements pendant la deuxième guerre mondiale. Le manque de couleurs des façades me fait un peu regretter l'Alsace, mais c'est de bon augure quand même. La nuit tombe, mais pas assez vite pour ne pas voir la cathédrale Saint-Étienne en en faisant le tour. Je suis étonné de ses dimensions, de son aspect imposant, 120 m. de long, (Amiens étant la plus grande cathédrale gothique de France avec 145 m, la plus haute aussi avec 42 m 30 sous voûtes, Bourges ne faisant que 37 m). Je passe devant le palais Jacques Cœur, découvre quelques rues anciennes et pittoresques. J'ai donc pris aussi et ainsi mes repères dans la ville. Mais je n'ai pas rencontré beaucoup de touristes, ce qui me laisse perplexe. Il est temps de rentrer, toujours à pied. Arrivé dans ma chambre, fatigué mais content de cette totale découverte, je calcule la distance parcourue et étonné, je vérifie plusieurs fois. Aller et retour, sans m'en rendre compte, j'ai marché neuf km. Je vais bien dormir. Bonne nuit, mes sœurs et frères. Faites de beaux rêves. À demain.


Samedi 1er juin :

Réveillé de bonne heure, j'entends surtout le silence dans les couloirs. Pas l'agitation coutumière des rencontres de l'ANEG. J'en conclus que tout le monde dort encore. Je vais donc faire le tour de la propriété, longeant la piste d'athlétisme. Quelques corneilles, dans leurs manteaux noirs, sont étonnées de voir ce visiteur si matinal. Rassurées de s'apercevoir que ce n'est pas un chasseur, elles reprennent leurs conversations dans le dialecte qui leur est propre ou se délectent de quelques vers imprudemment sortis de terre. Enfin, j'aperçois de loin quelques têtes éparses et qui ne sont pas en pyjamas. Il est 7 h 30 et une heure de ma modeste vie s'est déjà écoulée depuis que je suis levé. Découverte du fonctionnement du petit-déjeuner : où sont les petites cuillères ?, il n'y a plus de lait ?, chacun guide ou rassure son voisin.

Émargement avant l'AG.
© Photo (1) : Colette Rumpler - 01/06/2013

Jusqu'à 10 h, heure de la première réunion du conseil d'administration (onze administrateurs sur seize sont présents), j'ai le temps d'aller vers l'un, vers l'autre, retrouvant quelques têtes connues ou inconnues. J'examine les panneaux d'exposition sur l'ANEG et les récits d'enfants nés de la guerre, créés pour le 50e anniversaire du Traité de l'Élysée et installés dans le grand hall d'entrée. Je découvre ou redécouvre les vies de celles et ceux qui ont témoigné à travers les panneaux, écrits à l'encre des espérances, des joies, mais aussi des souffrances et des soupirs. Chaque histoire, avec ses réussites ou ses frustrations est émouvante. Devant certaines, je sens mes yeux se brouiller. Mais la matinée passe vite.

Réunion du CA avant l'AG.
© Photos (3) : J. Sauval-Schmutzler - 01/06/2013


Assemblée générale.

Après le repas joyeux au self, l'heure grave et officielle d'une Assemblée générale approche. Nous serons cent vingt assistants à suivre cette A.G. (très loin des 200.000 enfants estimés par l'État-major allemand pendant la guerre, en France !). Si nous savons rester unis, il y a donc encore de longs et beaux jours pour notre association. Accueil par la Présidente, Josiane van Mierlo-Mauchauffée, interventions de Madame Lemme, Consul d'Allemagne à Paris, de Madame Hiéblot, du Service des Archives des Conflits Contemporains de Caen, de notre aimée Marie-Cécile Zipperling, rapports moral, d'activité, financier, prévisionnel, discussions avec l'honorable assistance, bref, nous avons l'excellent menu de toute manifestation de ce genre. Nous remercions de leur engagement fidèle depuis des années Éliane Trincal et Josiane Kruger, administratrices, qui cèdent leur place pour des raisons personnelles. Nous aurons toujours le plaisir de les voir, lors de nos rencontres. Il appartiendra à la secrétaire de rendre compte de ces moments dans le prochain bulletin. Puisque nous sommes à Bourges, nous pourrions imaginer la cour de Charles VII se réunissant devant le peuple. Mais chez nous, il n'y a pas de cour, il n'y a pas de roi ou de reine. D'ailleurs, l'histoire, même récente, montre que la position de monarque est toujours un exercice difficile, soumis à tous les dangers et révolutions.

L'assemblée très attentive.

Le Conseil d'administration.
Au fond, le Conseil d'administration.

Allocution de Marie-Cécile Zipperling,
service de la WASt - BERLIN, Présidente d'Honneur.
Allocution de Madame Juliane Lemme,
Ambassade d'Allemagne, service Consulaire - PARIS.

Vote des adhérents.
© Photos (8) : J. Sauval-Schmutzler - 01/06/2013

Réponses aux adhérents concernant le site.
© Photo (1) : Colette Rumpler - 01/06/2013

Après la tenue de l'Assemblée Générale, nouvelle réunion du conseil d'administration et élection du bureau. Mais parler (ou écrire !) donne soif, nous apprécions donc le verre de l'Amitié qui clôture cette journée administrative.

Après l'effort, le réconfort !
© Photos (6) : J. Sauval-Schmutzler - 01/0/2013

Ensuite, après le repas, Suzanne Vrai, excellente conteuse, Josiane Kruger et Mijo Panier nous entrainent sur les chemins de l'humour et de la bonne humeur. Ragaillardis par les rires, malgré une longue journée passée, nous entamons une visite libre dans Bourges, pour ceux qui peuvent marcher et ceux qui ne sont jamais lassés par l'exercice du tourisme. Qu'elle est belle, la cathédrale habillée dans sa tenue de soirée lumineuse, grâce à de talentueux couturiers projecteurs. Qu'il est beau le spectacle son et lumière sur les murs extérieurs du Palais Jacques Cœur, du musée Estève, ancien Hôtel des Echevins (ce que l'on appelle maintenant une mairie) et construit en 1489/1490, du musée des Arts décoratifs, ancien Hôtel Lallemant (fin XIVe/début XVe siècle). Les Lallemant, une des familles les plus en vue du Berry, étaient surtout des financiers au service des rois Charles VIII, Louis XII et François Ier. Une origine lointaine allemande n'est pas prouvée. Par contre, amateurs de beaux manuscrits, les deux frères, Jean l'Ainé et Jean le Jeune, ont fait appel à des copistes de Rouen pour illustrer certaines pièces de leur collection. Comme la France, ou son histoire, est petite. On retrouve toujours à un moment les mêmes personnes et les mêmes lieux. D'ailleurs, c'est encore prouvé ce soir. Égaillée comme une envolée de moineaux dans les petites rues moyenâgeuses, les anégiennes et anégiens jouent à cache-cache entre eux. Au coin d'une taverne, tiens, voilà une ombre patibulaire. Non, c'est un des nôtres ; sur la place de la cathédrale, surgis de nulle part ou de la nuit des temps, en voici quelques autres. Vous pouvez lever la tête vers les tours du monument, vous ne verrez pas Qasimodo, ni danser Esméralda sur les pavés des ruelles sombres, éclairées seulement par quelques falots des temps modernes. Mais dans cette ambiance dépaysante, la nuit porte à rêver et à mélanger les souvenirs de quelques lectures classiques. Paris et Notre-Dame, Bourges et ses mystères, la nuit, tout se ressemble. D'ailleurs, près de la cathédrale, se trouve l'Îlot Victor Hugo, à l'emplacement d'un hôtel de Saint-Mandé, détruit en 1930. Pourvu que l'on se rappelle où l'on a mis nos voitures. Heureusement, nous avons encore tous nos esprits et une boussole dans la tête.


Dimanche 2 juin :

Frustration au petit déjeuner. Il manque les croissants ! Le boulanger devait être dans la lune pour les avoir oubliés ! Dehors, deux cars nous attendent. Malgré la liste des noms par véhicule qui a été consciencieusement rédigée, il y a un peu de confusion. Enfin, ça y est. Tout le monde a mis son derrière sur les sièges. Direction l'Abbaye de Noirlac et le Château de Meillant. Pour avoir consulté Internet sur ces deux sites, je suis impatient d'entendre la porte se fermer et le ronronnement du moteur nous bercer. La nature ne m'a donné que deux yeux. Dommage, j'aimerais avoir autant d'yeux que la pieuvre a de ventouses !

Façade de l'église abbatiale.
© Photo (1) : J. Sauval-Schmutzler - 02/06/2013

Direction plein sud, nous longeons un moment le Cher, affluent de la Loire. Cela me rappelle qu'à l'école primaire, il fallait connaître par cœur les affluents de nos grands fleuves français. Nous nous remémorons ces leçons de géographie maintenant surtout lorsque nous faisons du tourisme, en vacances ou à un autre moment. Mais nous sommes arrivés à l'abbaye cistercienne de Noirlac, dans un charmant et bucolique vallon. Nous entrons dans un autre monde, fait de silence, de recueillement, de ressourcement, de beauté, loin de l'agitation du monde moderne. Je ne vais pas refaire ici la visite ou l'histoire de ce magnifique site. Sachez que les douze premiers moines découvrirent le lieu en 1136, venant de Clairveaux (de l'abbaye, pas de la prison, même si certains peuvent penser qu'une abbaye ou un monastère soit une prison spirituelle. Mais la prière, ou la foi, permettent des évasions que l'on ne soupçonne pas !). Ils furent ensuite une soixantaine pour n'être plus que six moines au XVIIIe siècle. Le domaine était immense, constitué de quatre à cinq mille hectares de terres et de bois, permettant à l'abbaye de vivre en autarcie et d'avoir quelques revenus. Les bâtiments, entiers et non ruinés, ont été construits avec une pierre extraite à soixante kms de Noirlac (il n'y avait pas de camions à l'époque !). Nous commencerons par l'église abbatiale, majestueuse, bien éclairée par la lumière naturelle, construite de 1150 à la première moitié du XIIIe siècle. Nous continuerons par la salle capitulaire, le réfectoire, la salle des moines (où il y a quand même une grande cheminée), le cloître, le cellier. La salle capitulaire, ou du chapitre , est la seule pièce où l'on pouvait parler. Est-ce pour cela qu'elle est ouverte directement sur le cloître ? En plein hiver (il pouvait y faire -15o), on ne devait pas s'y attarder ou le père abbé ne le voulait pas. Pourtant, ce n'était pas une abbaye de femmes ! Je devine quelques grincements de dents venant de la gent féminine. La guide nous entretient de la règle de silence qui prévalait dans les abbayes. J'en profite pour faire une démonstration du langage des signes utilisé par les moines pour dire que l'on va sortir de la salle capitulaire pour nous diriger vers le cloître. Non, je n'ai pas été moine dans une vie précédente. J'ai appris quelques rudiments pour animer la visite d'une autre abbaye dans le département de l'Eure.


Après 7 ans de règne... avec partage des tâches quand même,
voilà le résultat. Les responsabilités usent...

© Photo (1) : J. Sauval-Schmutzler - 02/06/2013

Intérieur de l'église abbatiale.

Le cloître et son Jardin.
© Photos (7) : J. Sauval-Schmutzler - 02/06/2013

À l'Est du réfectoire, devait se trouver le chauffoir, là où l'on pouvait lire l'hiver. Les manuscrits, magnifiquement enluminés, avaient une grande importance intellectuelle et spirituelle dans les établissements religieux. Leur création demandait beaucoup de temps, de soin, de talent. La charmante guide nous explique que par jour, on réalise seulement trois à quatre pages. Il faut trois à quatre mois pour réaliser un ouvrage relié. Pour recopier le texte de la Bible, il faut un an et cela demande la peau de deux cents moutons. On n'utilisait pas le papier à l'époque. Plus fin que le parchemin, le vélum était issu de peaux de veaux mort-nés, donc plus rare. Il ne faut pas confondre la technique de ces deux supports de l'écriture.

Le grand escalier.
© Photo (1) : J. Sauval-Schmutzler - 02/06/2013

Puis nous montons à l'étage. Nous verrons le dortoir des convers (chargés des travaux matériels de l'abbaye), avec sa remarquable charpente, puis les dortoirs des moines. Au XVIIIe siècle, quelques cellules ont été transformées en de petits et agréables appartements pour les rares moines qui étaient encore là. L'histoire nous dit que " leur existence était douillette, ne se privant pas de confitures, de dragées et confiseries, goûtant à l'occasion au vin de Champagne dont ils avaient une petite provision ". En 1716, l'abbé d'Orillac, cité comme " le plus grand buveur et le plus grand danseur de la province " faisait scandale au carnaval de Bourges. Après la Révolution Française, l'abbaye fut transformée en manufacture de porcelaine, de 1822 à 1894, Prosper Mérimée la visita en 1837. De 1909 à 1910, elle fut utilisée comme colonie de vacances pour les Petits chanteurs à la Croix de bois. En 1909, le département du Cher en fit l'acquisition. Mais les réels et grands travaux de restaurations ne commencèrent qu'en 1950 jusqu'à peu. Sachez que l'abbaye de Noirlac abrita en avril 1939 de nombreux réfugiés, dont beaucoup d'enfants.

Lit avec porte donnant sur le cabinet de toilette...
... appartement très confortable avec petit salon...
... et très belle cheminée.
© Photos (3) : J. Sauval-Schmutzler - 02/06/2013

Nous nous ouvrons l'appétit en faisant quelques pas dans les jardins, bordés par un joli alignement de tilleuls bicentenaires. Il fait beau, l'air est doux, nous entendons le murmure des eaux du Cher proche, quelques oiseaux nous saluent d'un doux gazouillis, cet ensemble de bâtiments est, c'est le cas de le dire, monumental, mais équilibré, non écrasant, bien proportionné, le Paradis terrestre nous le ressentons.

Le cœur léger, mais le ventre criant famine, nous nous retrouvons au restaurant " Le Noirlac ", commune de Saint-Amand-Montrond, à 2,5 kms de l'abbaye. Les salles sont très bien décorées avec des tableaux, des objets ou des sculptures de très bon goût. Les propriétaires ne sont pas seulement esthètes en cuisine. Ils aiment le bon (nous aussi), mais également le beau. C'est le lieu idéal pour exercer nos cinq sens. Que dire de ce moment ? Les habitués de nos réunions conviviales savent déjà que c'est tout, sauf des instants de morosité. Je note même qu'il y a une hélisurface. Quand je serais riche, je reviendrais donc avec plaisir me poser en hélicoptère près de ce restaurant.

Pause détente au restaurant le "Noirlac" avec l'aide d'un bon repas, avant d'attaquer la visite du château de Meillant.
© Photos (10) : J. Sauval-Schmutzler - 02/06/2013

Mais pas le temps de faire une digestion par une petite sieste. Il faut s'arracher des tables, le mot n'est pas trop fort et remonter dans les cars. Un autre lieu prestigieux nous attend aussi : le château de Meillant. Les cars ont quelques difficultés à progresser dans les rues du village, car il y a des travaux de voiries. Nous arriverons donc devant le château à pied. Je ne ferai pas la visite détaillée du château, ni le récapitulatif des différentes familles qui ont occupé les lieux (les Charenton, Sancerre, Bueil, Barbezieux, Brichanteau, Antraigues, Béthune-Charost, etc...). N'oubliez pas de mettre un " De " devant chaque nom. On n'est pas chez des roturiers ici ! Dans mon groupe, le sympathique propriétaire, Monsieur Aimery de Rochechouart, marquis de Mortemart (30e génération), sera un très bon guide. Sachez seulement que c'est à la famille d'Amboise, et particulièrement Charles de Chaumont d'Amboise, gouverneur d'Italie, que l'on doit la transformation du château, commencée en 1473. D'autres propriétaires ont suivi, notamment le duc de Charost, créateur du canal de Berry. Pendant la Révolution Française, alors qu'il était arrêté et menacé de goûter à la douce lame de la guillotine, la population de Meillant s'est mobilisée pour obtenir sa libération. C'est pourquoi le château n'a pas été vandalisé pendant cette trouble période. Le château est passé ensuite à la famille Rochechouart de Mortemart, occupant le domaine jusqu'à aujourd'hui. Madame de Montespan, favorite de Louis XIV, était une Mortemart.

Façade avant du Château.

Escalier central du Château.
Détail du dessus de la porte
de l'escalier central du Château.
Détail de l'escalier central du Château.

Visite guidée par le sympathique propriétaire,
Monsieur Aimery de Rochechouart, marquis de Mortemart.

Façade arrière du Château.
Façade arrière du Château.

Façade arrière du Château.
© Photos (8) : J. Sauval-Schmutzler - 02/06/2013

Le château, entouré d'eau venant de la rivière de l'Hivernin, présente deux façades de style complètement opposé. Au Nord-Est, une façade très guerrière, commencée à la fin du XIIIe siècle, comporte encore quelques tours et un reste de courtine. Le tout sera modifié à l'époque gothique. Au Sud-Ouest, une façade plus ouvragée, commencée dès 1473, est complétée par la tour du Lion, richement décorée, datant du début du XVIe siècle. La Renaissance est là. Les très nombreuses pièces, somptueusement décorées et meublées, sont une vraie encyclopédie de l'art du mobilier et des objets d'art sur plusieurs siècles. J'ai noté la galerie des Césars (médaillons des empereurs romains, ramenés d'Italie par Charles II d'Amboise), la bibliothèque aménagée au XVIIIe siècle (avec une poutre impressionnante soutenant le plafond sur toute sa longueur), la salle à manger, dont les murs sont tapissés de cuir de Cordoue du XVIIe siècle (et la présence d'un tableau montrant le futur roi Louis XIV enfant), le grand salon avec ses tapisseries de Bruges du XVIIe siècle, la chambre d'Honneur, les nombreuses poutres des plafonds (23 arbres nécessaires pour la grande salle) ou les monumentales cheminées (dont une richement ornée de cinq panneaux peints représentant des musiciens). Dans la salle à manger, les " Marmousets " (départs des voûtes sous forme de clefs) montrent un paysan poilu (homme sauvage au bâton de pèlerin), une femme à la queue de poisson (une sirène sans doute, mais pas particulièrement sexy), un fou au bonnet d'âne baissant sa culotte, un ours à tête d'homme tenant un blason. C'était jadis la salle d'attente avant la salle de justice. Ces sculptures étaient peut-être destinées à atténuer l'inquiétude des paysans convoqués devant le seigneur. Savez-vous combien il y a de cheminées dans le château ? 68 exactement. Les murs font 3 m 50 d'épaisseur. Ne vous trompez pas, tant de trésors familiaux accumulés en un même lieu sont une redoutable charge financière, d'énergie et de temps, pour entretenir et conserver cet héritage. C'est ce que l'on appelle un cadeau empoisonné, mais quand on aime ce qu'ont légué les générations précédentes, il vaut mieux ne pas trop penser ou se projeter dans l'avenir. Nous finirons cette visite dans un autre temps par la chapelle, de style gothique flamboyant, puis dans l'ancien cellier par le parcours/découverte des miniatures représentant le village médiéval ou les intérieurs d'un hôtel particulier du XVIIIe siècle, puis à une ville du XIXe et XXe siècle avec l'Art-déco.

Que dire encore, si vous ne pouvez retourner à Meillant ? Calvin est venu en ces lieux. Dans le parc du château, il y avait jadis onze moulins. Les seuls moulins que l'on entende maintenant sont ceux des moteurs de voitures et des cars, amenant les nombreux touristes, manne bénéfique pour entretenir cette propriété privée.

Pendant la dernière guerre, des maquisards ont été cachés dans le château par la maman de l'actuel propriétaire. Ce groupe de résistants du Berry reformera ensuite, en 1944, le Ier Régiment d'Infanterie, basé dans l'Est, qui avait été dissous en 1942. L'origine de ce régiment remonte à 1567, en Picardie. Les hommes sont venus défiler après la guerre devant la maman, pour la remercier et lui rendre hommage. Que notre manoir du CREPS va nous sembler bien modeste après ces somptueuses visites de la journée. Une autre surprise agréable nous attend en fin de journée, après le repas.

Le repas de clôture.
© Photos (8) : J. Sauval-Schmutzler - 02/06/2013

En effet, une vingtaine de berrichons, du groupe folklorique " Le troupiau Saint-Michel " va animer avec succès la soirée. Ce groupe a été fondé en 1974 par mme Lucile Thomas. Il a pour vocation de " recueillir et transmettre les valeurs des arts et traditions du Berry ". Il est basé à Saint-Michel de Volangis, au Nord-Est de Bourges. Les vielles et les cornemuses ne vont pas nous laisser immobiles sur nos chaises et c'est presque en devant fuir que cette joyeuse troupe nous dit au revoir. Nos rêves vont être très musicaux, cette nuit.



Soirée animée par le groupe folklorique berrichon :
" Le troupiau Saint-Michel "
© Photos (4) : J. Sauval-Schmutzler - 02/06/2013

Lundi 3 juin :

Certains nous quittent déjà. Je remarque que les voitures partent plus doucement que quand elles sont arrivées. Les automobiles auraient-elles aussi une âme anégienne, ayant du mal à se quitter ?
Pour ceux qui vont continuer à découvrir la bonne ville de Bourges, ce matin le petit train nous attend. Certains et certaines, qui ont peu l'occasion de voyager, ont l'impression d'être dans un TGV (Très Grandes Vacances). Nous remarquons que les maisons en pan de bois sont séparées entre elles par un mur de pierre, notamment rue Mirebeau. Cela pour ralentir la propagation des incendies dans les ilots d'habitations. Bourges reste marquée avec effroi par le terrible incendie de 1487, qui durant quinze jours ravagea la ville. Il faudra trois siècles pour que Bourges retrouve une prospérité économique au XIXe siècle. Le passage dit " Mirebeau " est creusé dans la muraille gallo-romaine, reliant la ville haute à la ville basse. Bourges était déjà occupé bien avant, dès le VIIIe s. avant J.-C.

Près de la Poste, trône la statue de Louis XI. Normal, car premièrement, il est né à Bourges en 1423 et deuxièmement, il est à l'origine des premières Postes en France. Rue Gambon, nous passons devant la maison de la Reine Blanche, unique façade sculptée de scènes religieuses et profanes à Bourges. Je remarque la sculpture en bois d'un étonnant moine ventru. Je croyais que les moines pratiquaient l'ascèse! Nous croisons la rue Puits de Jouvence. Le nôtre, c'est quand nous puisons l'eau de l'amitié, lors de nos rencontres annuelles. Et la cathédrale bien sûr, mais nous y reviendrons l'après-midi. Et pour l'histoire des rues, je vous invite à consulter le guide que j'ai cité en première page, bien que l'envie de vous en dire plus ne me manque pas. C'est le nombre de pages possibles qui me manque. Notez seulement une particularité: dans la partie basse de Bourges, de chaque côté de la rue Édouard Vaillant, les petites rues en impasses sont appelées " cours ".

Après un bon repas, pas trop copieux néanmoins pour pouvoir crapahuter dans la ville l'après-midi, les gourmands (j'en fais partie !) vont à la recherche du seul magasin vendant la spécialité de Bourges : les " Forestines ", bonbons de sucre fourré, créés par Georges Forest en 1879. Au hasard des rues, je découvre que le compositeur Louis Lacombe (1818-1884) est né rue Hôtel Lallemand. Auteur de plusieurs centaines d'œuvres, la plus célèbre est " Sapho ", symphonie dramatique jouée à l'Exposition Universelle de Paris en 1878. Vous connaissiez ce nom avant de venir à Bourges ?. Moi pas. Place Gordaine, la grande philosophe Simone Weil (1909-1943) a été professeur au lycée des jeunes filles, de 1935 à 1936. Certains visiteront le magnifique palais gothique flamboyant construit par Jacques Cœur (1395-1456), maître des monnaies, riche négociant. Sa statue nous toise devant le palais, place Gustave Sarrien. Mais il est dangereux d'avoir une fortune plus grande que le roi. Les Templiers contre Philippe le Bel, Fouquet contre Louis XIV, ces personnages en savent quelque chose. Jacques Cœur contre Charles VII, évadé, finit sa vie à l'ile de Chio, dans la mer Égée, victime d'un boulet de canon turc ou peut-être de la dysenterie.

Et me voilà de retour devant la cathédrale, aussi grande que celle de Paris, commencée en 1195 par l'archevêque Henry de Sully. Elle est réputée pour sa remarquable collection de vitraux. Vu sa longueur, le chœur est construit au-dessus des fossés de l'enceinte de la ville. La tour nord s'appelle la tour de Beurre, comme à Rouen. Elle fut financée par les fidèles payant pour avoir l'autorisation de manger gras pendant la période du Carême. La tour sud, sans cloches, dite la tour sourde, partie de l'édifice la plus fragile, s'appuie sur un pilier en forme de bâtisse, par l'intermédiaire d'un énorme arc-boutant, sous lequel est aménagé un passage. À l'intérieur, dans la chapelle Notre-Dame la Blanche, les sculptures de deux personnes, priant à genoux, représentent Jean, duc de Berry (1340-1416) et sa femme Jeanne de Boulogne. C'est Jean de Berry qui commanda le célèbre livre d'enluminures, appelé Les très riches heures du duc de Berry , déposé actuellement au musée de Chantilly. Dans le chœur, des chapeaux de cardinaux, suspendus sous les voûtes , m'intriguent. J'aurais l'explication par la guide. Les cardinaux étant enterrés sous le chœur, leur vie étant partie, les grands cordons de soie rouge du chapeau ont été rompus. Le chapeau s'élève donc, emportant l'âme du défunt au ciel.

Escalier menant à la crypte.
Dans la crypte, une partie des restes du " Jubé "
retrouvés lors des fouilles.

Dans la crypte, une partie des restes du Jubé retrouvés lors des fouilles.

Dans la crypte, superbe " Mise au tombeau ".
© Photos (5) : J. Sauval-Schmutzler - 02/06/2013

Je vais maintenant relever un défi que je me suis promis : monter sur la terrasse du clocher nord. Je vais compter les marches, il y en a 396. Mais de là haut, à 65 mètres, quelle vue sur la campagne autour de Bourges. Je vois très loin et je m'imagine que je suis un oiseau, prêt à m'envoler. M'envoler vers Rouen ?, cela ne saurait trop tarder. Mais je resterais bien encore quelques jours ici. Le mot plus juste serait " me séparer de vous tous pour une année ! ". Avant de vous quitter, il me semble utile de vous citer trois faits liés à la ville de Bourges :

  1. À Bourges, au 33, rue Jean Jaurès, existait un établissement religieux dit du Bon Pasteur, créé en 1839. C'était une institution pour pauvres filles, abandonnées, orphelines ou ayant " pêché " sans être mariées. Ce lieu était plutôt une sorte de prison très dure, très humiliante, où la devise des sœurs religieuses était " Combattre le mal par un autre mal ". Ce lieu de souffrances morales, de discipline ne connaissant pas la compassion, ressemblant plutôt à un bagne, a été protégé pendant des décennies par les autorités religieuses. Ce n'est que depuis peu que les pensionnaires encore vivantes commencent à témoigner, faisant remonter du plus profond d'elles-mêmes des souvenirs extrêmement pénibles. J'ai un gros dossier documentaire sur ce réseau d'établissements.

  2. 1944 : en représailles à l'exécution de treize miliciens par la Résistance, le 20 juillet, Joseph Lecusan, nouveau préfet et chef de la milice locale, fait arrêter soixante juifs de Bourges, dont dix enfants, dans la nuit du 21 au 22 juillet. La milice de Bourges et la Gestapo prennent parmi eux trente-six personnes et les jettent, vivantes pour la plupart, dans les puits de Guerry, à Savigny-en-Septaine, à quelques km à l'Est de Bourges.

  3. Mais passons de l'ombre à la lumière :

    qui n'a pas entendu parler du Franciscain de Bourges ? Aloïs-Joseph Stanke (1904-1975), dit Alfred était gardien à la redoutable prison du Bordiot, à Bourges pendant la deuxième guerre mondiale. Au risque de sa propre vie, secrètement, il allait essayer de soulager moralement les résistants torturés, leur apportant quelques réconforts ou soins, faisant passer des messages aux familles à l'extérieur. Emprisonné à la fin de la guerre aux USA, le Comité Départemental de Libération du Cher demanda sa libération immédiate, ce qui fut fait le 18 juin 1946.
    Le 11 juin de l’année suivante, revêtu non plus de l’uniforme de la Wehrmacht mais de la robe de sa congrégation, il fut accueilli à Bourges par deux-cents anciens détenus. La chaleur de la réception fit pleurer de joie le bon Franciscain qui modestement déclara : Je n’ai fait que mon devoir. C’est dans l’esprit de l’habit que je porte que j’ai agi.
    Il finit sa vie tragiquement au couvent Saint-Antoine de Sélestat (Bas-Rhin). Dans la nuit du 18 au 19 Septembre 1975 un feu se déclara dans sa chambre, dû certainement à un cierge allumé. Gravement blessé, il fut transporté à l’hôpital des grands brulés de Metz. Il y mourut quelques jours plus tard, le 23 Septembre 1975. Les obsèques solennelles de frère Alfred eurent lieu le 26 septembre 1975 en la cathédrale de Bourges. Il repose au cimetière de Saint-Doulchard près de Bourges, près de son ami Georges Ruetsch et des aviateurs anglais tombés en mission.


    Aloïs-Joseph Stanke,
    dit Alfred.
Un seul homme comme lui et je suis réconcilié avec l'humanité !


Mardi 4 juin :

C'est le jour du départ. Pierre Mailait, son épouse et moi-même allons retarder ce moment en visitant le matin le beau musée des Arts décoratifs, installé dans l'hotel Lallemand. On en prend encore plein les yeux. Puis, nous terminons la matinée en visitant les marais-jardins de Bourges. C'est 135 ha. de charme bucolique, de contact avec une nature protégée, faite de canaux, de jardins, de végétation variée dans un milieu aquatique. Quelques parcelles ne sont accessibles que par barques, ou " plates ", manipulées par une longue perche appelée " bourde ". De là, nous avons une belle vue sur la cathédrale, juchée sur les hauteurs. Quelques hérons cendrés, des canards colvert et souchet, des cygnes et des poules d'eau nous guident. Mais les plus bavards sont les crapauds accoucheurs et les grenouilles vertes. C'est un brouhaha de coassements aigus. Le plus curieux, c'est que cela nous amuse. Et je pense que cette compagnie est plus bruyante encore que celle de l'ANEG ! Enfin, je vais vous poser une dernière question. Si vous allez au restaurant installé dans le marais, " La Courcillière ", commandez des Couilles d'âne. Savez-vous ce que c'est ? C'est tout simplement des œufs au vin à la berrichonne.

Voilà, je suis dans la voiture du retour.
J'ai ici, à Bourges, vu plein de belles choses, appris plein de choses, noté plein de choses,
mais la chose qui m'a le plus plu, c'est de vous retrouver.

Vous n'êtes pas des choses pour moi, mais des amies, amis,
qui vivons ensemble une belle aventure humaine.

Au revoir, mais à bientôt.
Je regarde déjà ma montre...


De mon écritoire, le 12 janvier 2014
Dominique SAMSON



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