Intervention de
Marièle COLAS-WIES

Conseillère Régionale Grand Est
OBERNAI, le 24 juin 2017.




Blason d'Alsace
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
OBERNAI,
le 24 juin 2017.

Blason d'Obernai

Compte rendu du séjour du 23 au 26 juin 2017
par Dominique Samson.


ENTRE PAYS DE FRANCE ET ALLEMAGNE :
UNE DÉLICIEUSE ASSEMBLÉE ANNUELLE À OBERNAI.

Je vous le dis tout de suite, en préambule, j'ai passé une très bonne assemblée annuelle de l'Amicale Nationale des Enfants de la Guerre, à Obernai, au sud de Strasbourg (Bas-Rhin). Le cocktail servi au cours de ces quatre journées de juin 2017 était composé du plaisir de se retrouver, d'échanges constructifs, de l'amitié, d'une bonne table, de beau patrimoine à voir et du soleil.



Vendredi 23 juin :

Nous prenons la même route, à partir de Rouen, que lorsque nous avons été à Sarrebrück, il y a deux ans, pour l'Assemblée générale 2015. Nous retrouvons le soleil et sa bienveillante chaleur aux environs de Reims et ce n'est pas l'effet du champagne. Le GPS de mon dévoué chauffeur nous joue quelques tours. D'abord, aux environs de Beauvais, il nous fait prendre le chemin des écoliers et nous perdons du temps et gaspillons des kilomètres inutiles. Ensuite, arrivés aux environs de Strasbourg, au lieu de nous mener directement à Obernai par une route d'évitement, il nous place sur la rocade de Strasbourg, en pleine heure de sortie des bureaux ou entreprises, avec un embouteillage de plusieurs kilomètres. Un escargot sportif aurait pu nous doubler ! Enfin, nous arrivons à notre point de chute (de bas-rein!, vous avez compris le jeu de mot ?) à 18 h, à 1 km et demi du centre d'Obernai, au V.V.F " Les Géraniums ". Avec étonnement, nous nous trouvons dans un cadre magnifique, verdoyant, près du camping et du parc municipal. Il y a cinq groupes d'appartements (136 en tout), nommés " Allemagne ", " Belgique ", " Wurtenberg " (où je serais logé), " France " et " Alsace ", sans compter le pavillon central (accueil, administration, restaurant, salles de réunions, etc...).

L'accueil est très chaleureux pour ceux qui sont déjà là et tous ceux qui vont arriver, regardant fébrilement leur montre. Une charmante jeune femme me porte la valise jusqu'à mon logement. Je découvre celui-ci avec un vif plaisir. Il me paraît grand pour moi tout seul, le lit encore plus grand. J'ai tout ce qu'il faut pour me contenter : des placards et il y a même les portes-manteaux!, la douche, le frigidaire pour mettre la boisson fraîche (je n'ai pas encore dit la bière!), la télévision (que je ne prendrai pas le temps de regarder). Dehors, le ciel est bleu, les oiseaux chantent dans les arbres pour me demander d'où je viens. Bref, j'ai une première et très bonne impression. L'espérance d'un bon séjour est bien installée dans ma tête.
À 19 h, le directeur du V.V.F nous souhaite la bienvenue et fait les présentations de l'établissement, des animations prévues les soirs de notre séjour en ces lieux. Il nous narre l'historique des V.V.F, véritable saga du tourisme social commencé en France. L'association V.V.F est créée à partir de 1958, avec l'aide de la Caisse des Dépôts et Consignations, de la Caisse d'Allocations Familiales, de comités d'entreprises ou œuvres sociales et d'un collège des maires de communes où l'association va implanter des villages. Le but est de favoriser le départ en vacances du plus grand nombre de personnes, suite à la décision de Guy Mollet, en 1956, d'accorder une troisième semaine de congés payés. Dans les années 1980, les V.V.F sont le premier opérateur de tourisme familial en France et gèrent plus d'une centaine de villages. En 1997, l'association est nommée V.V.F Vacances. En 2006, les V.V.F s'allient avec l'association V.A.L pour former l'association V.A.L V.V.F. Par la suite, V.V.F Vacances sera privatisé. En 2008, V.A.L V.V.F redevient V.V.F Familles et change de logo.

Obernai a été le premier V.V.F a ouvrir ses portes en 1959. Nous sommes donc sur les lieux d'origine de ce grand réseau de vacances familiales. Un deuxième village suivra, toujours en Alsace. Voilà résumé cette histoire qui tient autant du monde des loisirs que du partenariat économique, avec ses fusions, séparations, changements de noms ou de logos et retours aux sources.
Il s'ensuit un bruyant pot d'accueil, avant notre premier repas. Nous ne sommes pas dans un self. Nous restons assis, car nous sommes servis à table, comme dans un vrai restaurant, par du personnel jeune, sympa et rapide, mais qui nous laisse prendre notre temps. J'ai en face de moi Marie-Cécile Zipperling et je fais enfin la connaissance de son charmant époux. Les aiguillettes de volaille au miel et les courgettes poëlées à l'ail et pommes de terre au gratin sont excellentes. Elle n'est pas belle la vie quand nous sommes ensemble ? Pour dire combien nous sommes heureux d'être là, la nuit est tombée depuis un moment lorsque nous nous décidons à quitter la salle du restaurant. Je rappelle que nous sommes en juin ! Certains qui ont fait une longue route, fatigués, vont rejoindre leur nid douillet. Quand à moi, je repère un groupe près de la sortie du V.V.F, prêt à goûter l'apaisante fraîcheur de la nuit, en faisant une petite promenade dans le quartier. J'emboîte le pas à leur suite. Une planète, dans le ciel sans nuage, se sent bien seule tout là-haut, car nous ne distinguons aucune étoile. Est-ce Vénus ? Comme vous le lirez plus tard, j'ai tout faux. Ce n'est pas Vénus, même si la nuit porte au romantisme. Allez, il est temps de dormir maintenant.

*

Samedi 24 juin :

L'Assemblée générale.

Cette année, je n'ai pas pris de réveil. Je l'ai oublié ! De toute façon, à 5 h 30 du matin, je suis réveillé et je ne compte pas me rendormir. Comment se fait-il qu'en voyage, je ne ressente pas la fatigue et que je sois levé tôt, alors qu'à la maison, je traîne au lit jusqu'à 8 h du matin ? Cela s'explique-t-il par la curiosité ?, l'excitation de nouvelles découvertes ou rencontres ? Assez rapidement, je suis à ma table de travail pour rassembler mes premières notes et sensations. Dehors, il fait déjà beau. Je me connais, je ne vais pas tarder à pratiquer la fugue, les plus sages diront seulement l'escapade.

Ça y est. Le " 127 " (c'est le numéro de ma chambre) est dehors. Je vais aller voir au restaurant si les croissants chauds sont arrivés. De nouvelles têtes, connues ou nouvelles, apparaissent. Je butine à la rencontre de tous jusqu'à la première réunion du matin pour les administrateurs présents. Après le repas, lasagnes à la bolognaise maison, servies avec de la salade verte au menu, le moment fort de notre venue en ces lieux arrive avec la tenue de l'Assemblée générale, dans une ambiance paisible et amicale retrouvée. Cela fait du bien à l'esprit et au moral. Quatre-vingt adhérents présents, écoutent religieusement (mais est-ce vraiment vrai que la classe n'est pas dissipée?) les mots de bienvenue de Jehan Sauval-Schmutzler, puis de Mr Pierre Smitz, maire adjoint d'Obernai, qui rappelle que sa ville fut une des premières à être jumelée avec une ville allemande, en l'occurence Gengenbach, dans le Bade-Wurtenberg. S'ensuivra l'allocution de Mme Marièle Colas-Wies, conseillère régionale, qui a des paroles très chaleureuses pour notre association qui, selon elle, " peut changer les vies ". Nous aurons droit aux rapports moral, d'activités et financier, puis les échanges constructifs seront nombreux. Pour terminer cette studieuse après-midi, les verres de vin blanc, du pinot, attendent d'être vidés par nos gosiers assoiffés, dehors car il fait toujours très beau. On en aurait bien repris un deuxième, mais il n'y avait pas assez de bouteilles pour cela. Incroyable, Jehan n'en avait pas eu et Jacqui a dû en réclamer !

Au menu, ce soir, au restaurant, nous aurons du " Baeckeoffe ", qui est un plat typiquement alsacien, fait d'un assortiment de viandes d'agneau, de boeuf et de porc, accompagné de pommes de terre, de carottes et de poireaux, le tout dans un jus mariné. Je salive encore en décrivant ce plat! Mais savez-vous d'où vient ce nom ? Baeckeoffe est un mot alsacien nommant le four du boulanger où, jadis, les cuisinières venaient faire cuire cette préparation.

Pour les noctambules, ce soir à 22 h, un jeune homme emmène tout un groupe, à la tombée de la nuit, dans une vigne proche du V.V.F, non pas pour fêter le dieu Bacchus, mais pour se faire expliquer la présence des étoiles dans le ciel sans nuage. Ce que j'avais pris pour la planète Vénus, dans ma grande ignorance du panthéon céleste lumineux, est l'étoile du Berger. Mais ce n'est pas une étoile, c'est une planète, Jupiter. J'avais donc moitié faux, moitié vrai. Nous verrons d'autres étoiles, mais pas autant que si nous avions été dans la montagne. Dans ces instants de silence qui nous entoure et nous pousse à la méditation sur notre propre place dans l'univers, nous sommes impressionnés par les chiffres vertigineux indiquant les distances entre nous et ce que nous voyons accrochés dans ce décor fait de ténèbres et de mystères. Nous nous sentons bien petits tout à coup ! Ah !, si nous étions des anges (pourtant il y en a beaucoup à l'ANEG), nous pourrions répondre à l'appel de toutes ces petites lumières et nous envoler vers elles. Un verre de tisane au tilleul ou à la verveine sera offert à chacun par notre guide pour conclure cette instructive sortie. La nuit va être douce et je vais être caressé dans mon sommeil par Vénus, dont je préfère la main à celle plus rude de Jupiter.

*

Dimanche 25 juin :

Encore réveillé tôt ce matin, je plane un peu, l'effet de Vénus sans doute. Après le petit déjeuner, je prends le temps de visiter les ruines de l'église toute proche, dite Saint-Jean-Baptiste d'Oberlinden, car nos cars pour les excursions de la journée n'arrivent qu'à 9 h. C'était l'église du village d'Oberlinden, maintenant disparu, le quartier nouveau étant rattaché à Obernai. La nef est du XIe et la tour du XIIIe siècle renferme des pierres tombales. Appelée Oberkirche, elle a donné son nom à la famille noble installée dans le château tout proche. L'obernois Thomas Murner (1475-1537), humaniste et théologien, adversaire de la Réforme, a été curé de cette église. Pourtant, en 1570, l'église devient le lieu de culte de la première paroisse protestante d'Obernai, sous l'influence de la famille d'Oberkirche. L'église est en ruine depuis la Révolution Française et classée Monument Historique en 1986.

Du V.V.F, on voit, tout en haut perchés sur la colline au sud-ouest, les bâtiments de l'abbaye de Sainte-Odile, dont je reparlerai plus loin. Avec un peu de prétention quand même, je m'imagine avoir le bras long et pouvoir cueillir l'abbaye qui nous toise du haut de ses 761 m. À vol d'oiseau, elle paraît proche, mais avec la route en lacets pour monter à ce repaire, non pas de brigand, mais de sainte, il y a quelques 12 km. Le Mont Sainte-Odile est malheureusement connu pour la catastrophe aérienne du 20 janvier 1992. À 19 h 20, suite à une approche compliquée pour atterrir sur l'aéroport de Strasbourg, sous un ciel nuageux et de nuit, un Airbus A320 d'Air France, venant de Lyon, s'écrase dans la forêt à 800 m. d'altitude. Les secours auront des difficultés à localiser l'appareil, puis, ensuite, pour accéder sur le lieu de l'accident. Il y aura 87 morts, passagers et membres d'équipage. Seules, survivront 9 personnes.

Ça y est, on est parti, bien installés dans les cars. Nous traversons les vignes. En face, loin et proche à la fois, nous apercevons la Forêt Noire. Ce sont les soldats romains qui ont baptisé ainsi cet immense massif forestier sur la rive droite du Rhin, impressionnés et inquiets sans doute par la densité ténébreuse des arbres. Jules César aurait-il ici oublié toute prudence s'il avait déclaré : " Je suis venu, j'ai vu, j'ai vaincu " ? Le chauffeur nous explique que les portiques, sur la route, taxant les camions, avaient été pensés pour l'Alsace, mais l'Union Européenne les a interdits. Ensuite, la France a essayé de les généraliser au pays tout entier, avant que les manifestations des " bonnets rouges " mettent ces dispositifs aux oubliettes, entraînant un immense gâchis industriel, financier, mais surtout humain pour ceux qui avaient été embauchés pour fabriquer ces portiques.

Sur notre droite, se dressent les Monts des Vosges, la fameuse ligne bleue pour l'armée française. À gauche, s'étale l'immense PLAINE D'ALSACE (180 km de long sur 30 km de large au maximum). Ce plateau est en fait un effondrement central qui a suivi le soulèvement des Vosges et de la Forêt Noire, qui ne formait alors qu'un seul massif, qui est monté jusqu'à 3.000 m de hauteur. Je n'ai pas connu cet effondrement. Je n'étais pas né il y a environ 25 millions d'années. Vous non plus, je suppose ! L'eau a profité de ces titanesques mouvements pour se frayer un chemin vers le Nord. C'est devenu le Rhin. Ça grimpe, ça tourne, mais il en faut plus pour décourager l'autocar, conduit par son maître, intrépide et cultivé. À travers les trouées des sapins, les vues sont de plus en plus superbes. Nous avons l'impression d'être des oiseaux prêts à s'envoler au-dessus de la plaine. Il y a un peu de brume à l'horizon. Enfin, nous arrivons, non pas au ciel, mais au célèbre CHÂTEAU DU HAUT-KOENIGSBOURG. Dehors, il ne fait que 19 degrés. Nous sommes à une altitude de 757 m. Je ne vais pas vous faire la visite détaillée de cette résidence mégalomaniaque, bâtie à partir de 1899 sur les ruines d'un château fort (connu déjà en 1147) par l'empereur prussien Guillaume II et son architecte Bodo Ebhardt, l'équivalent de notre architecte français Viollet-Le-Duc. Ce que je peux dire tout de suite, c'est qu'ici tout est époustouflant, l'architecture, la décoration des salles, le mobilier, l'armement, le soin apporté au moindre détail.

À l'entrée du château, sur notre droite, il y a l'escalier dit de " La grande illusion ", menant à une galerie en bois. C'est là qu'a été tournée la fameuse et tragique scène du film du même nom par Jean Renoir en 1937, avec Pierre Fresney, l'officier français, et Eric Von Stroheim, l'officier allemand. L'amitié entre ces deux militaires " officiellement " ennemis, pendant la première guerre mondiale, sera la belle illusion qu'entre gens ayant le sens de l'amitié et l'intelligence de l'humanisme sans frontières, tout est possible. Mais les barrières du devoir à l'obéissance militaire et d'une éducation aux principes stricts briseront ce rêve. L'honneur nationaliste trahit souvent le cœur. Combien encore maintenant, nous qui croyons à une amitié durable et une compréhension entre nations et cultures différentes, lorsque nous voyons l'actualité mondiale, sommes-nous en souffrance. Je fais partie de ceux-là.

Nous parcourerons la porte principale, la cour basse, la porte des Lions donnant accès au logis, la cour intérieure et son puits de 62 m, les appartements de la châtelaine (qui n'y est jamais venue), la salle du Kaiser ou salle des fêtes, la chambre lorraine, où est suspendu le " Graoully ", sorte de dragon ailé, copie de celui présent dans la crypte de la cathédrale de Metz, la chapelle, la salle des trophées de chasse, la salle d'armes, plus quelques autres pièces. Nous finirons dans le jardin supérieur avant d'aller voir des copies de beaux canons des XVIe et XVIIe siècle dans le grand bastion.

Pendant la deuxième guerre mondiale, les soldats américains gardant le château avaient froid. Une nuit, grelottant, ils se sont enroulés dans des tissus épais qu'ils avaient trouvé dans une pièce. Au matin, ils se sont aperçus que ces gros tissus étaient de superbes tapis d'Orient, conservés maintenant dans les réserves du château. C'est vrai que l'hiver, pour chauffer toutes les pièces en même temps d'une telle demeure, la forêt des Vosges ne serait pas suffisante pour alimenter les immenses cheminées ! Et il y a aussi les très grands poêles en faïence, souvent de couleur verte, typiques de l'Est de la France et de l'Allemagne.
Dans une des salles, je repère dans un écusson sculpté les mêmes armoiries qu'à l'église d'Oberlinden, proche du VVF d'Obernai, représentant les armes de la famille d'Oberkiche. Il y a plein d'autres armoiries sculptées des familles nobles d'Alsace ou d'Allemagne, dont celles des Hohenzollern, famille de l'empereur Guillaume II et celles de Charles-Quint, dans les diverses parties du château. L'aigle prussien est peint en de nombreux endroits. Je vais peut-être me faire tatouer ce dessin ! Lorsque nous remontons dans le car, nous avons l'impression d'être sortis d'un autre siècle pour replonger dans l'actuel.

Direction le restaurant " Au parc des cigognes ", près du " Cigoland " créé en 1974, à Kintzheim, où nous serons très bien accueillis par la famille Willmann. Entre le dessert et le café, je vais prendre une photo du Haut-Koenisbourg, perché sur la colline voisine, tel un phare éclairant l'histoire de cette région ou une sentinelle veillant sur la plaine d'Alsace depuis des siècles. J'aperçois alors le parc d'attractions, avec des nids de cigognes montés sur des mâts. Je vois aussi passer sur des rails en hauteur des wagonnets décorés d'une cigogne en plastique. Mais je ne verrai pas de vraies cigognes emmenant un bébé dans un sac en tissu vers une maternité. M'aurait-on raconté des fables dans mon enfance ? L'entrée normale du parc est assez éloignée. Mais furetant, l'air de rien, je m'aperçois que l'on peut entrer discrètement dans le parc par la terrasse du restaurant voisin. Mais ne le répétez pas. Je fais donc un rapide tour le temps de photographier quelques cigognes qui prennent la pose. Ah, le vedettariat, cela leur fait tourner la tête ! De retour au restaurant, la salle se libère pour un après-midi dansant. Beaucoup semblent être frustrés de ne pouvoir rester danser. J'attrape alors par la taille une anégienne allemande et j'esquisse quelques pas de danse avec elle, à l'étonnement hilare de mes frères et sœurs.

Maintenant, nous voilà entrés par la porte autorisée de CIGOLAND. C'est là le V.V.F pour les cigognes blanches d'Alsace. Elles ont failli disparaître de l'espace aérien de cette belle région. En 1947, il y avait 180 couples recensés, plus que 9 couples en 1974, 270 couples en 2008. En comparaison, sur la France entière, on comptait 973 couples en 2004, 1.750 couples en 2011. Mais cela reste des oiseaux en très petit nombre, d'où l'intérêt de continuer à les protéger.

La cigogne est un oiseau migrateur, venant de plusieurs pays d'Europe, vers l'Afrique, passant là où la Méditerranée est la plus étroite ( Gibraltar et le Bosphore). Il y a sept espèces de cigognes, dont la cigogne noire. La cigogne blanche est la plus répandue. C'est aussi un oiseau très ancien, puisqu'on a retrouvé des fossiles datant du Miocène (24 millions d'années), du Pliocène (six millions d'années) et du Pléistocène (2 millions à moins 11.500 ans). La cigogne fait un mètre environ de haut et a un mètre cinquante-cinq à deux mètres quinze d'envergure. Adulte, elle pèse de deux à quatre kgs. Elles ne peuvent ni chanter, ni crier, sauf les petits qui miaulent. Elles communiquent entre elles par des claquements de becs (elles avaient donc inventé le morse avant l'homme!). Elles nichent sur des nids de branchages en haut des arbres. Trois espèces font leurs nids sur les toits. Seules les cigognes maguari, en Amérique du sud, nichent au sol. Les cigognes reviennent toujours dans leur même nid. Elles ne le refont pas, mais remettent une couche supplémentaire, ce qui alourdit de plus en plus le nid. À Ribeauvillé, où nous irons ensuite, on a descendu un lit qui pesait six cent kg, le plus lourd jamais vu.

La cigogne consomme des proies animales, mais pas seulement. À " Cigoland ", plusieurs d'entre nous on assisté à une scène vraiment étonnante et amusante. Une cigogne, passant entre les tables de pique-nique, fouillait dans les poubelles. À un moment, elle a sorti un gros sandwich et l'a dévoré goulûment. Est-elle bigleuse ? Elle rencontre des problèmes quand elle avale un élastique qu'elle a confondu avec un ver de terre. La gestation d'un cigogneau à naître dure 33 à 34 jours. Le petit quitte le nid trois mois après, mais ses parents le suivent encore pendant les sept à vingt jours suivants (les cigognes avaient donc inventé aussi une sorte de service après-vente!). La fiente et l'urine rendent blanches les pattes de la cigogne ; L'évaporation de ces matières la rafraîchisse. On appelle cela l' " urohidrose ". Il y a beaucoup de légendes autour des cigognes. Elle fait partie du patrimoine mythologique et folklorique de l'Alsace. Mais je ne vais pas ici me lancer dans une soirée " Contes ", sinon la nuit va être très longue. Nous remontons dans nos deux cars, direction RIBEAUVILLÉ.

Voilà une ville qui va plaire aux amateurs de bons vins. Dans les vignes environnantes, on y produit le " Traminer " et le " Riesling ", excellents pour les papilles, bons pour les yeux car il permet de voir la vie en rose, avant d'être gris ou noir si on en abuse. Ribeauvillé est aussi la ville des Menétriers ou joueurs de fifres. Leur fête traditionnelle a lieu le dernier dimanche d'Août ou jour des " Pfifferday ". Pendant cette journée, les musiciens de la contrée se réunissaient dans la ville pour honorer leur suzerain, le sire de Ribeaupierre. Pourquoi ? Au XIVe siècle, le comte de Ribeauvillé croise une famille de musiciens ambulants très désolée. Un des joueurs ou ménestrel a fait tomber son pipeau qui s'est cassé en plusieurs morceaux. Or cet instrument est ce qui le fait vivre. Le seigneur lui donne alors une bourse pour qu'il puisse s'en racheter un autre. Huit jours après, le ménestrel revient au château pour remercier son généreux mécène. Mais il est accompagné par des jongleurs, des cracheurs de feu, des montreurs d'ours, des musiciens. Toute cette troupe d'amis organise alors une joyeuse fête. La tradition est lancée jusqu'à nos jours. Maintenant, cette fête folklorique organise un cortège historique, avec dégustation à la " Fontaine du vin ", sur la place de l'Hôtel-de-ville. Sachant cela, je me suis précipité à cette fontaine en grès rouge. Mais hélas, il n'y coulait que de l'eau ! Au cours de notre visite, nous observerons plusieurs sculptures de ménétriers. Il y a même la " Maison des Ménétriers ". et un restaurant du même nom, appelé " Pfifferhüs ". Nous verrons la " Tour des Bouchers ", dont la base est du XIIIe siècle, le haut datant de 1536. Nous passerons devant la brasserie de la Poste, dite " à l'éléphant ". Mais à moins d'avoir pratiqué trop de dégustations de bons vins, nous ne verrons pas d'éléphants ailés s'élever au niveau des tours aux entrées Sud et Est de la ville où sont installés des nids de cigognes. Les maisons à colombages sont très belles. Les éléments en bois soulignent bien les torchis teints de ravissantes couleurs. Chaque village passé est un plaisir pour les yeux, Ribeauvillé ne fait pas exception. Mais comme beaucoup de villes touristiques d'Alsace ou d'ailleurs en France, pas besoin de chercher longtemps quelle est la deuxième activité économique après le vignoble. C'est le commerce des souvenirs, cadeaux à faire en tous genres. Il n'y a que cela dans les rues principales. La preuve, c'est que, jour de dimanche, beaucoup ont eu du mal à s'approvisionner en bouteilles d'eau. Il n'y avait qu'une seule boutique alimentaire, mais quand j'ai vu le prix de vente de la bouteille d'eau ou de la bouteille de jus de fruit, cela a calmé tout de suite ma soif.

Sur la route, remontant vers Obernai, nous voyons, accrochés sur les hauteurs, beaucoup de ruines de châteaux forts, dont Ramstein, Ortenbourg, plus loin Berstein. Notre chauffeurs indique qu'on en a recensé au moins cent soixante en Alsace. Passant dans le village de Scherwiller, nous observons, au-dessus des pignons des maisons, des céramiques en forme de cœurs. Notre cultivé chauffeur nous indique que c'est la maison où il y a une fille célibataire, dont le cœur est à prendre (soyons réaliste, pas seulement le cœur!). Le garçon amoureux devait monter pour casser le cœur quand il avait conquis la fille. Et pour les garçons célibataires ?. Il y avait au-dessus du pignon une bouteille avec un verre posé à l' envers sur le goulot. Si le verre n'est plus sur la bouteille, c'est que le garçon est pris. S'il reste un cœur sur le toit d'une maison, c'est qu'ici habite une " vieille " fille. Idem pour le garçon avec son verre. Cette charmante coutume était en quelque sorte le site de rencontres du village. Internet n'existait pas alors !

Au menu du restaurant du V.V.F ce soir, nous commencerons par un velouté de pois cassés, puis un filet de fusilier aux agrumes, avec légumes croquants. Je ne connaissais pas ce poisson des récifs, à la peau sans arêtes. Sa zone de répartition, donc de pêche, est le secteur des mers indo-Pacifique. On est bien loin du Rhin ! Il y a même un " fusilier de Suez ", dans la mer Rouge. Suez, cette histoire fabuleuse du canal qui me passionne, creusé, non pas par Ferdinand de Lesseps, mais par les milliers d'ouvriers égyptiens, dans des conditions très difficiles. Les historiens oublient un peu vite cette réalité. Après tant d'images collectées au cours de cette belle journée, il va me falloir plusieurs semaines, voire mois, pour que mon cerveau trie toutes ces informations. Mais il est habitué à cet exercice stimulant. Il est temps d'aller dormir. Le dieu grec des rêves, Morphée, m'attend pour border mon lit. Bonne nuit !

*

Lundi 26 juin :

Une clarté annonçant une belle journée ensoleillée me caresse le visage et j'ouvre un œil (comme un chat réveillé par un bruit incongru). Je vais donc m'extirper du lit. Petit détail : il est 5 h 30 du matin. Mais j'ai décidé comme première activité matinale de monter à pied au MÉMORIAL DES MALGRÉ-NOUS pour prendre quelques notes et photos et méditer sur toutes ces jeunes vies bouleversées par la deuxième guerre mondiale. J'avais repéré depuis le V.V.F cette immense croix blanche, juchée tout en haut de la colline voisine, et je ne voulais pas rater ce lieu de mémoire, avant de repartir vers ma Normandie. À vue de nez ou à vol d'oiseau, le mémorial me semble peu éloigné. Je prend un raccourci que j'ai repéré sur la carte routière, passant à l'arrière du V.V.F. Mais c'est comme en montagne. On voit un hameau tout proche et on ne se rend pas compte de la difficulté à vaincre pour atteindre le but. En effet, quelle montée sportive en prenant un petit raidillon, avec des cailloux comme autant de pièges pour me faire trébucher, puis un long escalier aux marches inégales. Et il va falloir refaire le même chemin au retour ! Mais je serais tellement content de mon expédition que je ne penserai pas aux embûches rencontrées à nouveau en revenant. Bref, à 6 h 15, je suis au pied de la croix, entouré par les vignes donnant le " Pinot ". Il est fou, cet administrateur ! La vue sur Obernai en-dessous, sur la forêt au loin, est magnifique. Il y a un grand silence, la ville étant alors peu réveillée. Une des plaques du monument indique que " 130.000 alsaciens et mosellans ont été victimes de l'incorporation de force dans l'armée allemande entre 1942 et 1945 " et que " 40.000 d'entre eux sont morts ". Je sens que l'émotion monte, en même temps que la chaleur du soleil matinal. Pourquoi les hommes aiment la guerre depuis qu'ils sont apparus sur terre et la font faire à ceux, plus nombreux, qui ne l'aiment pas ? Je me poserai la question jusqu'à mon dernier souffle, sans trouver une réponse satisfaisante.

Arrivé au V.V.F, je repars faire une petite promenade sur le chemin que nous avons pris samedi soir pour voir les étoiles, celles qui sont dans le ciel, pas celles qui sont sur notre lieu d'hébergement, n'est-ce pas mes sœurs ! À 1 km, il y a plein de noyers qui devraient donner une belle récolte. Trois chevaux hennissent du plaisir de faire ma connaissance. La montagne doit servir de chambre d'écho, car on entend les nombreux avions venant de l'aéroport voisin d'Entzein, desservant Strasbourg, mais on ne les voit pas, malgré un ciel tout bleu. À 10 h 00, départ pour une visite d'OBERNAI, soit la ville, soit la cave à vin, en deux groupes et à pied. Mais j'ai déjà l'entrainement ! Obernai a été fondé vers le fin du IXe début Xe siècle. Au XIIe siècle, la ville est dans l'empire germanique. Au début du XIVe siècle, elle fait partie de la " Décapole ", association de dix villes alsaciennes. Elle est française en 1648, occupée par les troupes du roi Louis XIV. Le roi l'annexe définitivement au royaume en 1679, une guerre de Trente ans séparant ces deux dates. En 1870, elle redevient allemande, à nouveau française en 1918, allemande en 1940, puis française en 1945. Quelle partie de ping-pong l'histoire a-t-elle fait faire aux habitants de cette province ! Les alsaciens s'y retrouvent-ils vraiment dans leur appartenance alternative dans ces deux états voisins ? Je n'ose ouvrir le débat. La cité est entourée de remparts, mais les fossés sont secs, car l'eau est trop précieuse. On n'allait tout de même pas les remplir de vin ! À part les remparts, il ne reste rien du Moyen-Âge à Obernai, à part la base du beffroi, et quelques autres maisons. La grande majorité des maisons existantes date de l'époque Renaissance. Beaucoup sont classées Monuments Historiques. Ville impériale au Moyen-Âge, elle avait le droit de rendre la justice. Obernai compte 11.000 habitants actuellement, plus 80 anégiens et anégiennes, mais ils sont de passage pour un trop court moment.

Nous commençons par voir une ancienne Auberge, Dite du TROU À MOUSTIQUES ou " Zum Schnogaloch ". Ce nom est lié à une légende se passant à l'ouest de Strasbourg. Dans cet endroit marécageux, aux nombreux moustiques, où il y avait déjà quelques guinguettes, un restaurateur, nommé Jean, décide de créer une auberge en 1558. Mais un client mécontent compose une chanson très critique, qui va connaître un grand succès et plusieurs modifications :

" Le Jean du trou à moustiques a tout ce que l'on veut,
Et tout ce qu'il a, on en veut pas,
Et tout ce qu'on veut, il l'a pas,
Le Jean du Trou à moustiques a tout ce que l'on veut "

Ce personnage est donc devenu l'image de l'alsacien toujours insatisfait. Mais il est aussi le symbole de l'Alsacien, resté au pays après 1870. Il est satisfait de la présence prussienne, qui lui apporte des avantages sociaux, mais en même temps, il regrette l'absence des français. Vous savez comment on dit chez moi, en Normandie : " Il a le cul entre deux chaises ! " ou, comme il y a beaucoup de vaches laitières autour de Rouen " Il veut le beurre et l'argent du beurre ! ".
Certaines pierres des maisons portent, gravées, le signe " J ". C'est en fait la signature du tailleur ou du sculpteur de pierres. Il était payé en fonction du nombres de pierres façonnées et ce signe permettait le contrôle de sa production réelle. Les colombages sont numérotés. On peut donc démonter ou remonter la maison au même endroit ou ailleurs, en s'aidant de ces chiffres, comme un jeu de Mécano.

Dans la RUELLE AUX JUIFS, les linteaux de pierre portent des inscriptions hébraïques. À Obernai, les juifs pouvaient rester dans la ville la nuit. En comparaison, à Strasbourg, ils devaient quitter la ville la nuit. La maison où est inscrit " Ici vit l'oncle de Sarah " a été construite au Xe siècle. Au sous-sol, il y a un bain rituel pour les femmes, car elles devaient se purifier avant et après l'acte sexuel. La rivière l'" Ehn " passait dans la ruelle, car il y avait des ateliers de tanneurs.

Nous passons devant la tour de la chapelle, ou BEFFROI, remontant au XIIIe siècle. Le dernier étage date du XVIe siècle, avec une flèche montant à soixante-douze mètres de haut. Certaines maisons ont des volets sans fenêtre. Les volets étaient offerts aux mariés. S'ils avaient après des moyens financiers, ils pouvaient ensuite se payer l'ouverture de la fenêtre. Car les habitants payaient leurs impôts en fonction du nombre de fenêtres de la maison. Cette pratique existait en France, il y a encore peu de décennies. J'ai entendu parler de cela dans mon village. Mais pour bien montrer l'injustice de cette imposition sous l'ancienne monarchie, réalisons bien que le seigneur qui était exempté d'impôt, lui, avait souvent un château ou un hôtel particulier au très nombreuses fenêtres ! Nous passons ensuite devant l'ancienne Halle au blé, du XVIe siècle. La cloche sonnait souvent le prix fixé pour les denrées vendues. Sur le toit, il y a un nid de cigognes. Et un oriel, sorte de petite tour vitrée. Les oriels servaient souvent à installer dans la journée la grand-mère en ce lieu juché. Le soir, après être redescendue, elle racontait ce qu'elle avait vue. Je sais !, certains auraient été tentés d'y mettre leur belle-mère pour être tranquilles ! Passons à autre chose. C'est-à-dire passons devant le superbe PUITS RENAISSANCE avec trois rouelles portant deux seaux chacun, rue du chanoine Gyss. Cela nous rappelle que c'est le maire allemand qui a fait réaliser le réseau d'eau pour bien se faire voir de la population francophile, après 1870. Nous terminerons la visite guidée d'Obernai par l'église Saint-Pierre et Saint-Paul, inaugurée en 1882. Elle est tellement grande qu'elle a été construite sur un pont enjambant la rivière d'Ehn toute proche. À l'intérieur, une chasse renferme, depuis 1821, le cœur de Monseigneur Freppel. Né à Obernai en 1827, il fut évêque d'Angers, théologien, député du Finistère. Décédé à Angers en 1891, il avait demandé par testament que le jour où l'Alsace redeviendrait Française, son cœur soit déposé dans l'église de sa ville natale. Il aura donc attendu une trentaine d'années. Chauvinisme ?, nationalisme ?, ou tout simplement amoureux de sa terre natale, cette belle région d'Alsace ? Je vous laisse juge ou sans opinion. À l'extérieur de l'église, trône la statue de Monseigneur Freppel, représenté tenant la lettre qu'il adressa en 1871 à l'empereur Guillaume Ier pour protester contre l'annexion de l'Alsace. La statue est due au sculpteur angevin Léon Morice. Démontée par les nazis en 1940, elle fut remontée après la fin de la guerre.

Il est midi bien passé quand nous recherchons de quoi se restaurer et dans une petite rue pittoresque pleine de restaurants, brasseries ou sandwicheries, la rue du Marché, assis à l'ombre autour d'une bonne table, nous avons vraiment l'impression d'être en grandes vacances. Mais il faudrait revenir plusieurs jours encore à Obernai, car nous sommes loin d'avoir vu toutes les richesses de cette ville historique. L'après-midi, ceux qui ont fait la visite d'Obernai visiteront une cave, pas loin du V.V.F. Quand à moi, avec Pierre et Aline, nous ne voulons pas rater la visite du Mont Sainte-Odile et de sa célèbre abbaye construite et agrandie plusieurs fois depuis le XIIe siècle. Je rappellerai juste qu'Odile est née à Obernai, handicapée, alors que son père, le duc Etichon, voulait un garçon et la condamne à mort. Après maintes péripéties et interventions dignes de la série télévisuelle " Mimi Mathy ", Odile finira sa vie en ce haut lieu de spiritualité. De là-haut, comme au Haut-Koenisbourg, la vue au loin sur la plaine d'Alsace et les forêts des Vosges est magnifique, somptueuse. Et moi, je suis heureux de voir tant de beautés patrimoniales et naturelles, de sentir à chaque pas le souffle de l'histoire, la grande comme la petite. Merci mille fois à mon chauffeur.

Ce soir, au menu, il y aura un flan d'asperges, avec crème à la ciboulette, suivi d'une daube de bœuf à la provençale. Et que dire du nougat glacé, un régal ! J'en salive encore sur ma page d'écriture.

*

Mardi 27 juin :

Le moment redouté est arrivé. Celui de nous quitter. L'impression générale, partagée, est que cette Assemblée générale 2017 a été très chaleureuse, paisible, sans couac majeur. Il faut dire aussi que le soleil, exceptionnellement, a participé à la réussite de cette rencontre. Mais pas seulement. Cette réussite est due aussi à votre bon état d'esprit, votre gentillesse, votre cœur. Rien ne peut remplacer ces ingrédients humains, humanistes, menant au succès. Soyez-en tous remerciés, mes sœurs et mes frères. Les embrassades se font plus longues, en se serrant plus fort. Et si les valises sont un peu plus lourdes qu'à l'arrivée, ce n'est pas seulement à cause des bonnes bouteilles de vins d'Alsace que vous remportez dans vos foyers, mais par les calendriers qui s'installent dans vos têtes, vos mémoires. Onze mois, ou quarante six semaines ou trois cent vingt six jours à attendre pour nous revoir pour la plupart d'entre nous. Que cela va être long !

Il est 9 h 30. On est partis. Pour que le retour ne se fasse pas sans trop de pincements au cœur, Pierre, mon chauffeur, et Aline, sa charmante épouse, ont prévu une " cerise sur le gâteau ": nous allons prendre le chemin des écoliers (mais pas trop quand même). Passant non loin de Domrémy-la-Pucelle, village de naissance de Jeanne d'Arc (elle a été brûlée dans un impardonnable accident de l'histoire de France à Rouen), nous allons faire une étape prolongée à Colombey-les-Deux-Églises, là où a vécu le Général De Gaulle, là où il est décédé. Depuis des années, je nourrissais l'envie de venir en ces lieux historiques. Comme quoi, tout peut arriver un jour dans la vie, surtout si c'est agréable. Par contre, pour tout ce qui est négatif, on n'est pas impatient, on n'est même pas du tout pressé. Après la visite de la maison, de la tombe au cimetière, de l'église, de la gigantesque croix de Lorraine (que l'on voyait déjà au loin à 10 kms. de distance) et du beau et documenté centre de mémoire, la dernière étape sera Rouen. Nous n'irons pas plus loin pour le moment.

Il me restera à revivre cette assemblée en écrivant le récit de ce voyage, après avoir noté ce qui m'a étonné, intéressé, intrigué, fait connaître, cultivé. Comme disait Napoléon, je vais mettre toutes ces informations dans des petits tiroirs, puis les caser dans ma tête. Ensuite, le travail de rédaction va de nouveau me faire planer très haut au-dessus du ciel bleu d'Obernai, peut-être aussi haut que les vols de cigognes. Je dédie ce travail à vous tous.

De ma péniche, le 6 novembre 2017.


Dominique SAMSON

Intervention de
Marièle COLAS-WIES

Conseillère Régionale Grand Est
OBERNAI, le 24 juin 2017.

© Photo : J. Sauval-Schmutzler - 07/06/2015

© Photos (4) : J. Sauval-Schmutzler - 07/06/2015




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