Blason
de Rhénanie-Palatinat.


Compte rendu du séjour du 17 au 21 mai 2022
par Dominique Samson.

Blason
de Trèves.


DE ROUEN À TRÈVES, UN VOYAGE DE PLUS QUI RESTERA GRAVÉ DANS MES TRÈS BONS SOUVENIRS

Je suis plongé dans le dictionnaire Le Petit Robert sur les définitions commençant par la lettre T. Ce n'est pas innocemment que j'arrive au mot " TRÊVE " : Interruption dans une lutte quelconque, est-il écrit. C'est bien ce que je cherche, car pour tenir debout mentalement, j'ai besoin de moments où je peux échapper à la routine et aux tracasseries du quotidien, telles une coupure dans le temps ou une invitation au voyage. Et Trèves n'est-elle pas une ville allemande dans le Land de Rhénanie-Palatinat ? Ville dont je rêve d'aller depuis longtemps, car il y a des beaux monuments gallo-romains, très connus des archéologues et des historiens. Alors, dès que j'ai su que l'Assemblée Générale annuelle de l'ANEG allait se tenir dans cette ville au bord de la Moselle qui se fait toujours belle, j'ai su qu'un cadeau du ciel m'était présenté.



Mardi 17 mai 2022

10h20. Nous voilà partis. Il fait beau. Pas un nuage au début dans le ciel normand. Je suis impressionné par le nombre toujours plus grand d'éoliennes dans les champs en Picardie. On croirait des fleurs géantes sur de longues tiges, plantées par un jardinier industrieux. La traversée de la Champagne me paraît sans fin. J'observe les nuages déchiquetés et j'y vois des têtes d'animaux, avec le museau, les yeux. Un semble représenter une maman ourse avec son petit. Un autre, un chien qui s'étire, les pattes se fondant dans une couverture cotonneuse. Une vraie ménagerie pour qui observe bien ! Mais ce n'est pas moi qui conduis, heureusement. Tout ce bestiaire au-dessus de la tête des conducteurs les inquiète moins que la vue d'un radar sournoisement tapi au bord de la route.

À la pause pique-nique, sur une aire d'autoroute, nous constatons que le temps des grandes migrations estivales n'est pas encore commencé. Toutes les tables en plein air sont pour nous seuls. Il n'y a que des embouteillages de voitures par des anégiennes et anégiens se rendant à Trèves. Mais là j'exagère et je ne vais pas vous raconter une histoire à la marseillaise !

À la sortie de Metz, nous voyons le premier panneau indiquant Trèves, bleu comme le ciel. Un autre est en vert, pour celles et ceux qui veulent prendre une route plus bucolique. C'est fou ce que les banlieues des grandes villes se ressemblent : mêmes magasins, mêmes enseignes, mêmes giratoires ou rocades, mêmes chauffeurs pressés munis de la carte bleue !

Nous voilà au Luxembourg. Mais où est passés la douane ? J'avais juste plein d'espérances de bons moments prometteurs à déclarer. Tant pis ! Je vais les déclarer à vous tous qui allaient me lire.

Je sens que je ne vais pas faire trèves dans ma curiosité. Mais ce jeu de mot est sans doute éculé. En effet, nous contournons un impressionnant pont à arches de béton tenant la travée routière, sur notre droite. Il s'agit d'un pont en construction sur l'A3, entre Luxembourg et Bettenbourg, à la Croix de Gaspérich. En plus grand, il ressemble au premier pont à arches de béton en France, à Saint-Pierre-du-Vauvray, dans le département de l'Eure (c'est chez moi), construit en 1923. Il y a beaucoup de forêts, beaucoup de circulation aussi. Luxembourg, grand bassin d'emplois pour les pays qui l'entourent, est une vraie pompe aspirante pour les voitures. Çà y est, nous sommes en Allemagne. Bienvenue dans le pays de nos ancêtres. Trèves est à six kilomètres.

À 16h45, nous entrons sur le parking du Schroeders Stadtwalhotel, notre base pour quatre jours. Schroeders est, renseignement pris un peu plus tard, le nom de l'homme politique allemand, élu en 1998, puis 2002, chancelier de l'Allemagne.
Sur la terrasse de l'hôtel, les discussions amicales vont bon train. J'ai quelques difficultés à comprendre comment s'allume l'éclairage dans ma chambre avec la carte magnétique. Elsa vient à mon secours en m'expliquant le fonctionnement, finalement très simple. Il fallait juste piger l'astuce.
J'ai aussi une difficulté à comprendre comment téléphoner en France. Décidément, je dois être fatigué. J'ai le cerveau lent. Et il plane, même s'il n'y a pas de vent. Sinon, il serait un cerf-volant.

À 19h00, c'est l'heure du repas, très bon. Je ne suis pas le seul à remarquer que les serveuses sont jolies et sympathiques. Nous aurons l'occasion d'en reparler. Il y a un temps assez long entre le plat principal, en libre-service, et l'arrivée du dessert. Mais les conversations entre nous ne sont pas ennuyeuses et nous ressentons le plaisir de nous retrouver. L 'ambiance est très bonne.
La nuit est tombée. Et nous, nous allons tomber dans les bras de Morphée. Faîtes de beaux rêves.


Mercredi 18 mai 2022

Après le déjeuner à l'allemande (croissants, petits pains, charcuterie, salades de cornichons et autres produits, œufs, fruits, gâteaux, etc...), de quoi bien se sustenter pour démarrer une belle journée, je descends à pieds par un escalier sur Trèves jusqu'au pont enjambant la Moselle. Mais c'est une heure de grande circulation et je suis à moitié rassuré par les voitures qui rasent le trottoir. Il faut environ 20 minutes pour un bon marcheur. En passant, je lis une grande plaque indiquant : TRÈVES ET SES AMIS. Jumelée avec Xiamen, Weimar, Nagadka, Fort Wort (Texas), Pula, S. Hertogenbosch, Gloucester, Ascolipiceno, Metz. Je vous laisse le soin de prendre comme moi une leçon de géographie, mais à la lecture, j'ai fait un tour du monde. Du pont, sur la rive gauche, là où est notre hôtel), je vois au loin, tout en haut de la colline, une grande statue sur une très haute colonne. J'apprendrais plus tard qu'il s'agit de la Vierge Marie, qui veille sur la ville. Sur la rive droite, au-dessus des toits, quelques clochers semblent m'appeler. Patience, je vais venir vous visiter, que dis-je, vous inspecter demain. Je remonte la côte, mais elle est bien raide. J'ai fait mon sport pour la journée.

Après un premier conseil d'administration en fin de matinée, l'après-midi sera consacrée à l'Assemblée Générale, à 15h00. Il y a un problème avec l'informatique, un imbroglio avec les fils d'alimentation et les prises. Le déroulement se passe normalement avec les différents rapports qui sont lus. La traductrice pour les Allemands a quelques difficultés à traduire les conversations, alors qu'elle se débrouille bien avec les textes écrits et déjà traduits par Françoise puis remis avant aux allemands. Je la sens en difficulté, mais elle donne le meilleur d'elle-même. En elle, je reconnais mon fils autiste.
Pendant ce temps-là, en même temps que je prends des notes, je ne peux m'empêcher de penser à toutes celles et tous ceux qui ne sont pas là pour diverses raisons et dont je m'ennuie déjà de leur absence. Et aussi de constater que la presse informative ne suit plus nos assemblées générales depuis plusieurs années.


L'Assemblée générale.



Après l'Assemblée générale.



Le repas après l'A.G.

© Photos (18) : J. Sauval-Schmutzler - 18/05/2022


Le pot de l'amitié qui suit, et les repas aussi, sont de grands moments de convivialité, où nous avons l'impression d'être dans une grande famille. Nous apprécions particulièrement le délicieux velouté de champignons qui nous est servi au début des repas par les sympathiques serveuses. Il y en a une notamment qui attire l'attention car elle a une longue et magnifique chevelure qui tombe jusqu'aux reins. Elle me fait penser au tableau d'une madone par un peintre de la Renaissance italienne. Et les glaces qui sont apportées en fin de repas. Quel délice !
Notre adoré trésorier, Pierre, nous lit un message de Jeanine Nivoix, qu'il vient de recevoir sur sa montre connectée. Nous sommes perplexes sur cette nouvelle technologie, mais il n'y a pas de magie secrète. En fait, c'est le téléphone portable de Pierre qui transmet le message à sa montre. Au Moyen-Âge, il aurait été condamné pour sorcellerie !
Puis, comme un bonbon délicieux que l'on nous offre, Françoise et Jehan distribuent la Lettre n° 17.

J'ai l'impression que demain nous allons bien marcher à la découverte de Trèves. Ma chère voisine, Christiane, qui a du mal à se déplacer, exprime ses craintes.
Mais la fatigue se fait sentir. À 22h00, je suis au lit. Bonne nuit à toutes et à tous. Le marchand de sable va passer, selon une histoire que l'on raconte aux enfants. Pourvu que demain matin, il n'y ait pas une dune de sable bloquant l'hôtel !


Jeudi 19 mai 2022

Pas besoin de réveil le matin ! À six heures, un rayon du soleil, tamisé à travers le rideau, vient chatouiller la joue et me dire Vite ! Debout là-dedans ! Cela me rappelle le service militaire. Justement, un de nos fidèles amis présents, Jean-Paul, a fait son service militaire à Trèves, dans les blindés, dans les années 1960. Mais depuis tant d'années passées, le lieu des casernements, au-dessus de Trèves, a bien changé. Il a reconnu peu de choses, mais s'est souvenu des marches longues et pénibles sous un soleil accablant. Cela lui a aussi rappelé ses vingt ans. Nous nous souvenons tous de nos vingt ans. Avec nostalgie ou pas ? Cela dépend de nos vécus personnels.
Je fais un petit tour à pied, au-dessus de l'hôtel. Il y a le départ d'un chemin, qui monte en pente douce dans la forêt, avec des pins de très grande hauteur. Mais je n'aurais pas le temps de poursuivre ma sylvestre promenade. Le car nous attend pour une journée pleine de découvertes, où nous allons remonter les siècles et voir ce que le génie humain a fait de plus beau.
Un sentiment, que j'ai déjà ressenti à plusieurs occasions, me traverse l'esprit, en même temps que nous traversons la Moselle par le pont inauguré en 1913 par le deuxième empereur Guillaume II : Je me sens bien en Allemagne ! Est-ce psychologique ? sublimatoire ? intuitif ou instinctif ? Je n'ai pas encore priorisé une de ces sensations.

Ce matin, pour une première reconnaissance de la ville, nous serons accompagnés par Rolf, notre guide, très connaisseur de Trèves et plein d'humour. J'allais dire d'amour, car nous sentons tout de suite combien il aime sa ville et on le comprend facilement.

Trèves est la plus vieille ville d'Allemagne. D'après une inscription ancienne, la ville aurait été fondée par Trébéta, beau-fils de la reine Sémiramis, mille trois cents ans avant Rome, au bord de la Moselle. Cela, c'est pour la légende, mais le peuple des Trévires a bien existé, puisqu'il s'est installé dans cette vallée en 17 avant J.C. Ce qui est sûr, c'est que ce sont les Romains qui fondèrent la ville, après la conquête de la région par Jules César en 58-50 avant J.C. L'empereur Auguste découvrit la ville et la nomma Augusta Treverorum. À partir de l'an 286, Trèves fut la résidence préférée, pendant plus d'un siècle, des empereurs romains. De cette époque, restent les vestiges, très bien conservés, d'une ville aménagée selon les principes de l'urbanisme romain, où l'eau a une grande importance. En effet, l'eau participe à une bonne hygiène des habitants et à la propreté des rues. Dans les siècles après, on a régressé sur ces notions d'hygiène! Trèves connut un grand développement, car la ville était en fait un carrefour stratégique pour les légions établies sur le Rhin. Ici arrivaient la route venant de Paris (Lutèce) par Reims et la route venant de Lyon (Lugdunum) par Metz. Par la suite, la prospérité de Trèves fut établie par le commerce du vin grâce aux vignes plantées sur les coteaux bordant la Meuse. C'est ce qui fit aussi la richesse de l'évêché de Trèves. Des moines, logeant dans une abbaye, surveillaient les vignobles. Pourtant, selon le guide, le vin obtenu était de qualité moyenne.

Je ne vais pas entrer dans le détail de l'histoire de la ville jusqu'à maintenant, car il faudrait alors que l'ANEG publie un livre sur le sujet. Mais on peut trouver de nombreux renseignements dignes de confiance sur internet, notamment Wikipédia, sur Trèves. J'ai vérifié et cela reste crédible. Mais pour ceux qui se sont procuré les publications sur l'histoire et le patrimoine de la ville, il y a dans ces documentations des trésors d'informations.
Trèves est toujours une ville universitaire (puisque la première université date de 1473): facultés des Beaux-Arts,d'architecture, de sciences humaines. Les bâtiments se trouvent non loin de notre hôtel, juste avant d'aborder la descente vers le pont enjambant la Moselle.
Nous apercevons ce qui fut l'ancien monastère de saint Martin de Tours, créé à la fin du III°e siècle/début IV° siècle, puis VI° siècle, devenu ensuite monastère des Bénédictines. Après bien des vicissitudes, il deviendra maintenant une résidence étudiante. Il y a aussi dans le secteur le monastère de sainte Hermina, grand-mère de Charlemagne. Victor Hugo appelait ma ville de Rouen La ville aux cent clochers. Je commence à me demander s'il n'aurait pas dit la même chose de Trèves. Nous passons maintenant devant le pont romain dont il reste cinq piles datant du II° siècle. Les deux autres piles datent de 1717-1718. Cette troisième version de pont supporte toujours la circulation actuelle. Non loin, sur le bord de la Moselle, nous voyons deux tours équipées d'une grue de chargement. La première, dite Vieille grue, date de 1413, la deuxième, la Grue douanière, a été mise en service en 1774. Plus loin, Constantin le Grand, statufié pour l'éternité, observe la circulation du haut d'une colonne. Puis nous longeons une zone de vestiges archéologiques. Ce sont les thermes Barbara, édifiés vers l'an 150.

C'est le moment de donner la définition des diverses salles des thermes romains : un Caldarium correspond à un bain chaud, un Frigidarium à un bain froid, un Trépidarium à un bain tiède et un Sudarium à une pièce où l'on sue. Nous coupons le cardo, voie romaine nord-sud (qui se croise avec le decumanus, voie est-ouest). Toutes les villes romaines ont cette disposition. Puis se présentent à nous les thermes impériaux édifiés pendant la première moitié du IVe siècle, sous l'empereur Constantin, qui d'ailleurs habita la ville de Trèves. Ces thermes (250 m de long sur 145 m de large) sont un des plus grands de l'antiquité. Ils sont bordés par les remparts protégeant la ville (6.400 m, avec 44 tours rondes et 4 portes fortifiées), réalisés à partir de l'an 60 après J.C. À Trèves, dès que l'on fait un trou, on trouve des vestiges archéologiques. Mais il n'y a pas assez de financements publics ou privés pour engager des fouilles et des études. Le problème n'est pas particulier à Trèves, ni à l'Allemagne.

Nous montons ensuite, toujours en car, sur la colline, rive droite. Quelle magnifique vue sur Trèves et la Moselle serpentant entre les collines ! Sur le grillage longeant le belvédère et sa table d'orientation, sont accrochés des cadenas, comme sur le Pont Neuf à Paris, témoignages matériels des amoureux qui se jurent fidélité pour la vie ! Nous sommes séparés de la ville par des vignobles descendant sur l'ancienne cité romaine. Ici est produit le Riesling, vin réputé. De là, nous apercevons l'amphithéâtre du Ier siècle, pouvant accueillir 18.000 spectateurs. Il fut par la suite coupé en deux par le passage d'un rempart construit contre les invasions, dont les pierres proviennent du monument lui-même. Sur le plateau derrière nous, se trouvaient les bâtiments militaires français d'après-guerre, avec l'hôpital militaire pour les soldats. Tout cela a bien changé depuis et la spéculation immobilière a vu s'envoler le prix du mètre carré de terrain (7.000&eur;). D'ailleurs, nous le constatons avec la présence de nombreuses villas luxueuses. Beaucoup d'habitants de Trèves travaillent au Luxembourg et beaucoup de luxembourgeois habitent à Trèves, car au Luxembourg, le prix du mètre carré de terrain est trois fois plus cher qu'ici, selon le guide. C'est ahurissant ! Tous les jours, 200.000 personnes font le trajet domicile/travail le matin et vice-versa le soir.

Arrivés en ville et descendus du car, nous nous trouvons devant la basilique de Constantin, la " Palastaula romaine ". Cet édifice très étonnant, tout en briques, date du Ie siècle. Ce n'était pas une église comme on pourrait le penser à première vue, mais un élément du palais de l'empereur Constantin le Grand. La grande nef était la salle d'audience. C'était la plus grande salle au nord des Alpes, dans l'empire romain. Vu ses dimensions (longueur : 67 m, largeur : 27 m, hauteur : 30 m), les personnes se présentant devant l'empereur devaient être impressionnées. C'était le but de ce décorum architectural. Nous aussi, nous sommes ébahis. Les murs font 2m70 d'épaisseur. Ils sont intérieurement recouverts de marbre, le sol aussi. Depuis 1856, c'est maintenant un temple protestant. Accolé à la basilique, fut construit en 1615, le château des princes électeurs. Puis, un nouveau château de style rococo le remplaça sur l'aile sud, à partir de 1756. Nous sommes admiratifs devant la richesse du décor de la façade. Ce fut la résidence du clergé jusqu'au XVe siècle. C'est maintenant le siège du gouvernement régional.
Trèves fut rénovée par les archevêques, qui étaient aussi princes électeurs, grâce aux bonnes relations qu'ils entretenaient avec les juifs. Les juifs prêtaient de l'argent contre un échange par l'épiscopat de muscat. L'archevêque Balduin put ainsi fabriquer de la monnaie. Nous parlions précédemment de l'hygiène à l'époque romaine. Il faut mentionner qu'aux moments des périodes de peste, les règles d'hygiène des juifs leur ont permis d'être peu malades. Pourtant, il y eut de graves accusations contre eux, les accusant d'avoir empoisonné les fontaines. L'histoire et une meilleure connaissance des mécanismes de la propagation du virus de la peste ont prouvé que c'était faux. Les juifs étaient présents dès le IIIe siècle. à Trèves. Ils étaient 300 au Xe siècle. Il y a toujours une communauté juive dans la ville. Au moment de repartir en car, celui-ci ne veut pas démarrer. Impossible pour le chauffeur de passer les vitesses. Après un moment d'angoisse, ouf !, le véhicule devient plus conciliant .
Et nous voilà enfin devant la porte noire, la PORTA NIGRA, entrée nord de la ville romaine (les trois autres ont disparu). La porte noire est impressionnante, avec ses 36 m de large et 30 m de haut pour la tour ouest. Elle comprend une cour intérieure. Les pierres font six tonnes. Au-dessus de la Porte noire, furent construites deux églises superposées et un clocher. Heureusement, ces constructions furent rasées, remettant en valeur ce monument, symbole de la ville de Trèves.

Les romains construisaient pour l'éternité répète le guide. Ils n'avaient pourtant pas les moyens techniques d'aujourd'hui : grues motorisées, conception des plans par ordinateurs. Mais ils avaient l'intelligence et le sens de l'observation, la maîtrise du calcul et de la géométrie, la volonté de réaliser du beau travail.

Dois-je l'avouer ? Je suis heureux et ému. Depuis des années, je rêvais d'être présent devant ce monument fantasmé. J'y suis. Tout vient dans la vie, le bon comme le mauvais hélas. Mais pour le bon, il suffit parfois d'être patient. Merci l'ANEG pour ces bons moments ressentis par un touriste curieux, passionné d'histoire et de patrimoine.

Je suis maintenant assis à une terrasse d'un restaurant asiatique. Cela ne fait pas très couleur locale ! Mais tout est complet ailleurs. Et la cuisine est très bonne pour un prix raisonnable. Toutes ces pierres, assaisonnées d'histoire, lourdes à digérer, m'ont donné faim. Après les nourritures esthétiques, place aux nourritures culinaires. De quoi prendre des forces pour une visite attentive de la ville. Je me suis préparé un petit circuit. Trèves ne respire pas la pauvreté, du moins en centre-ville. Il y a de beaux magasins, de beaux immeubles, de belles places, les rues sont bien entretenues, les monuments aussi. Ce qui ne veut pas dire qu'à l'extérieur, notamment sur le grand parking avant l'hôtel où nous sommes, cela soit pareil. Jetés par terre, on trouve des masques anti-covid, des cannettes, des mouchoirs en papier abandonnés. Cela refroidit un peu l'enthousiasme que je ressens lorsque je suis dans un environnement propre et beau. Mais cela n'est pas une exclusivité de Trèves. C'est pareil ailleurs, également à Rouen.

Commençons par la cathédrale. De la construction originale débutée au XIesiècle, il ne reste qu'un quart du bâti. Avant d'entrer, je suis intrigué par une colonne gisant à terre, près du portail. Il s'agit d'une colonne de granit, faisant partie du noyau romain, sur lequel fut construit la cathédrale. Selon les archéologues, à l'origine, la colonne faisait douze mètres de haut. Ce qui donne une idée de la monumentalité des édifices romains qui ont depuis disparu. La façade ouest de la cathédrale donne l'image d'une église fortifiée. Mais à l'intérieur, je me crois plutôt dans un palais. Tout est beau, tout est grand. Il y a là toute la représentation de la sculpture, de l'époque romane au XIXe siècle. Je suis soufflé par le luxe des monuments funéraires, réalisés pour la gloire éternelle des défunts, qui ne faisaient pas dans la modestie. Le monument gothique de l 'archevêque Beaudoin rivalise avec ceux, renaissance, de Richard von Greiffenklau (1525) et de l'archevêque Johann von Metzenhause (1542), ainsi que l'autel funéraire rococo de Franz Georg von Schönborn (1756). La chaire (1570/1572) et l'autel de tous les saints (1614) annoncent le baroque qui va supplanter le maniérisme allemand. C'est sublime jusqu'à en donner le tournis. Mais cela était sans doute aussi prémédité pour impressionner les fidèles et les attacher à l'église. Je passe à l'église voisine Notre-Dame, l'une des plus anciennes dans le style gothique en Allemagne, puisque commencée en 1235, en forme de croix à branches égales, avec douze chapelles symbolisant les pétales de la rose de la vierge Marie. Sur les voûtes, à 35 m. de hauteur, sont peintes mille trois cents fleurs de lys. Ce sont des bâtisseurs français qui auraient construit cette église. Ce qui fait que Napoléon, en 1804, ne la p fait pas démolir. J'en conclus que si cela est vrai, c'est qu'il a eu moins de scrupules avec d'autres églises. Dans la cathédrale, je croise plusieurs amies et amis de l'ANEG. Vont-ils faire une grande visite de la ville de Trèves ? J'ai senti que plusieurs ressentaient déjà la fatigue. Il faut dire que dehors, il fait chaud et il faut un bon plan pour se repérer dans les rues. Mais le temps passe et j'ai plusieurs autres choses à voir. Dans la grande rue principale, il y a la plus vieille pharmacie d'Allemagne, puisqu'elle a été créée en 1241.


LÖWE - APOTHEKE TRIER
Seit 1241 - Ãlteste Apotheke Deutschlands



Il y a de très belles façades sur la place du marché et dans les rues proches : notamment la maison des rois mages (fin roman/début gothique). D'autres architectures attirent mon attention sur la place: la très belle fontaine Saint-Pierre (1595), la copie de la Croix de 1'an 958 (d'autant plus que dessus est sculpté l'agneau portant une croix et un oriflamme, comme sur les armoiries et le Gros-Horloge à Rouen), le portail baroque menant à l'église Saint Gangolf. Mais je ne peux citer tout ce qu'il y a à voir à Trèves, tellement cette ville est féconde en monuments. Il faudrait faire une halte d'au moins huit jours pour commencer à connaître tous les lieux intéressants. Poursuivant mon chemin, je passe devant le palais des comtes Kesselstatt (1740/1745), puis plusieurs rues après où je me perds un peu, alors que j'ai chaud et soif, j'entre dans l'église Saint-Antoine, appartenant aux protestants. Quel contraste avec ce que je viens de voir à la cathédrale. Ici, point de surcharge ostentatoire. Tout est propice au silence et au recueillement. Enfin, j'arrive à la maison natale de Karl Marx, où il est né le 5 mai 1818. Il y restera jusqu'en 1835, année où il part à Bonn. Puis, ce seront les années d'exil jusqu'à la fin de sa vie : Paris en 1843, Bruxelles en 1845, Londres en 1848 où il meurt le 14 mars 1848. Les nombreuses petites pièces visitables (j'en ai compté seize) servent d'écrins à de nombreux documents (livres, archives, photographies, affiches, gravures satyriques, statues, etc...). Le seul meuble présent est le fauteuil où Karl Marx travaillait et dans lequel il est mort à Londres. Cela me fait penser au fauteuil de Molière dans lequel il est décédé, mais la comparaison est sans doute audacieuse ! La maison comprend aussi une cour et un jardin. Il y a des marches et des escaliers partout entre les pièces. Ce ne pourrait pas être une maison confortable pour nos amies et amis âgé(e)s de l'ANEG, ni pour Christiane. Mais le lieu, historiquement, philosophiquement et politiquement, est hautement symbolique, que l'on soit d'accord ou pas avec Karl Marx. Ce qui est aussi troublant, c'est de voir comment une philosophie appelant à un changement de société, sans appel aux meurtres, est récupérée, instrumentalisée, par certaines dictatures qui ont ensanglanté le XXe siècle. On peut dire la même chose des religions !

Maintenant, il faut remonter à l'hôtel. Je suis un peu inquiet car il commence à pleuvoir. J'ai les mains chargées de documentation et les jambes fatiguées. Pourvu que je puisse avoir les bus n° 25 ou 26. Enfin, au bout d'un moment, je vois le bus 25 arriver comme un sauveur. J'espère que tous les anégiennes et anégiens ont eu la même chance. Certains ont fait usage du taxi. Ont-ils fait beaucoup de découvertes à Trèves ? Que garderons-ils comme bons souvenirs de la ville ?
Je n'ai pas vu les autres églises de Trèves, ni les musées de la cathédrale, le musée municipal, le musée régional rhénan, le musée des thermes, ni l'amphithéâtre, ni les thermes, mais je suis content. J'ai vu tellement de choses belles et instructives que je vais avoir plusieurs mois maintenant à assimiler tout cela. Je dirais maintenant : Voir Trèves et y revenir ! Est-ce que je réaliserais ce vœu ?

Le soir, à la terrasse, j'ai droit à un interview sur mes recherches pour retrouver d'abord ma mère biologique, ensuite mon père biologique, par le groupe allemand. Jacques fait le traducteur. De part et d'autre, l'émotion est palpable. Je suis très touché de cette attention particulière. Cela me fait très chaud au cœur. Merci.
Lors du repas du soir, Elsa me signale une mouche très grosse sur la fenêtre derrière moi. J'approche mon doigt et la mouche, acceptant mon invitation, monte dessus. Elle ne bouge pas et je montre avec un peu de provocation mon trophée. Je vois la table s'inquiéter. Va-t-il garder la mouche sur son doigt pendant tout le repas ?. Devant les mines perplexes et soucieuses, je demande à la mouche de partir par la fenêtre. Elle obéit illico. Adieu, amie de quelques secondes !


Les vignobles.

© Photos (6) : J. Sauval-Schmutzler - 19/05/2022


TRÈVES - TRIER.

La basilique de Constantin - Palastaula romaine.

© Photos (6) : J. Sauval-Schmutzler - 19/05/2022


Siège du gouvernement régional.

© Photos (3) : J. Sauval-Schmutzler - 19/05/2022


La Porte noire - Porta Nigra - (extérieur).



La Porte noire - Porta Nigra - (intérieur).

© Photos (6) : J. Sauval-Schmutzler - 19/05/2022


La ville.



Intérieur de la Basilique.

© Photos (18) : J. Sauval-Schmutzler - 19/05/2022



Vendredi 20 mai 2022

Ce matin, nous allons visiter la villa romaine de Borg, à 55 km environ au sud de Trèves, à Perl, reconstituée à partir des années 1990. Puis, en remontant, nous irons dans un charmant village, Saarburg, à 33 km au sud de Trèves.
À 9h30, nous voilà partis pour une journée qui devrait aussi être passionnante. Nous passons en haut des collines, avec de très beaux points de vue. Il y a beaucoup d'éoliennes, mais moins qu'en Picardie, en France. Beaucoup de petits bois et de forêts agrémentent le paysage Nous longeons la frontière du Luxembourg. Nous retrouvons les vignes sur notre droite. La belle Moselle sur notre gauche coule tranquillement par de nombreux méandres. Sur notre gauche, nous passons devant une belle cave, les Créments Paul Fabaire, à Normeldange. À certains moments, les villages ont des indications en français, car nous empiétons sur le territoire du Luxembourg. Je repère, dans les villages, des bouquets de branchages sur de très hauts mâts ou d'arbres sans écorce. Il s'agirait d'une tradition répandue dans toute l'Europe, venant des celtes, s'appelant L'arbre de mai, rite de fécondité. Nous en avons déjà vu, lors de nos rencontres annuelles en Alsace ou en Allemagne. Nous traversons Remich, puis la Moselle. Près de la route, quelques éoliennes tournent pour nous apporter une certaine fraîcheur, s'il fait trop chaud aujourd'hui !

Nous voilà arrivés à BORG, mais aussi en pleine période de la Pax romana aux premiers siècles de notre ère. Les seules incongruités sont nos vêtements contemporains et nos appareils photos. Sinon, on est dans l'ambiance.
En 1900, le professeur Johann Schnider trouve dans la forêt l'emplacement de la villa romaine, puis le site retombe dans l'oubli. En 1987, on commence à s'intéresser au site archéologique. La résonance magnétique au sol est utilisée pour retrouver l'emplacement des murs constituant les bâtiments. Puis des fouilles sont entreprises par la fondation culturelle de Merzig-Wadern. Certains secteurs sont toujours en cours de fouilles, pour améliorer les connaissances sur le site. Que faire de ce site archéologique immense mis au jour : une promenade à travers les vestiges ? Le recouvrir en bouchant les 16.000 trous ? Ou bien, pari audacieux mais réussi, reconstituer les bâtiments en se basant sur les fondations, puis créer la décoration intérieure et le mobilier d'après les objets retrouvés sur place ou dans d'autres sites dans le monde romain ? Par exemple, les fresques murales ont été copiées sur la villa romaine d'Echternach, au Luxembourg.

Le site de Borg comprend deux parties : la villa et le domaine agricole. Une grande partie du domaine agricole se trouve encore sous la forêt. Au IIe siècle, on estime à cent vingt personnes la population du domaine qui était l'un des plus grands de la région Sarre-Moselle. Le long d'un axe routier proche, se trouvait la nécropole, pour que l'on puisse voir le tombeau du maître, qui était un celte enrichi et romanisé. L'obsession de se voir totalement oublié des vivants, après sa mort, quand on a été un puissant socialement, existe depuis toujours et est encore présente actuellement.

La villa romaine de BORG.

Extérieur de la villa.

© Photos (7) : J. Sauval-Schmutzler - 20/05/2022


Intérieur de la villa.
(entrée, toilettes et bains).



La cuisine.

© Photos (13) : J. Sauval-Schmutzler - 20/05/2022

L'axe de l'entrée vers la villa n'est pas dans celui de l'entrée de la demeure. Dans la grande salle de réception, aujourd'hui, des couples peuvent se marier civilement, dans une ambiance antique. Le plafond est très haut. Les latrines sont l'endroit qui attirent le plus la curiosité. Elles étaient nettoyées par l'eau de pluie sur le toit, grâce à des gouttières. Le chauffage se fait par le sol. Je suis étonné de constater dans les salles de bains que les romains connaissaient déjà le double vitrage. Pour reconnaître les fonctions des salles de bains, il faut se fier à la couleur des murs, bleu : frigidarium (froid), vert : caldarium (chaud), ocre : tépidarium (tiède), rouge : salle de repos. La cuisine est très bien équipée, avec les ustensiles, les poteries, les jarres, paniers, etc... On devine dans toutes ces dispositions une remarquable organisation du monde romain. Et comme on l'a dit pour Trèves, il y avait une grande préoccupation de l'hygiène et de la propreté. Cela s'est gâté par la suite dans l'urbanisme. Quand on pense qu'au château de Versailles, en France, sous Louis XIV, il n'y avait pas de toilettes hygiéniques !

Ce fut une magnifique visite. Les riches romanisés de l'époque avaient un sens développé pour l'art de la décoration intérieure. Comme on dit, on en a encore pris plein les yeux. Il commence à pleuvoir et le ciel reste gris. Mauvais présage pour cet après-midi. Heureusement, Phébus-Appolon, le dieu du soleil, va mettre un peu d'ordre. Par la route 407, nous remontons vers SAARBURG.
Nous avons du mal à trouver une place sur les terrasses des restaurants, le long du cours d'eau, le Leuk, qui se jette plus bas dans la Sarre. Mais on y arrive et l'ambiance est très sympathique. Après, je vais voir la cascade, haute de 17 à 20 mètres, qui fait tourner plus bas le moulin Hackenberg. Saarburg est un beau village typique. Il y a un beau point de vue, d'où l'on aperçoit la tour de Cuno, proche de la Sarre, terminant les fortifications et servant de tour de douane et de brise-glace. Mes pas m'amènent à l'église Saint-Laurent, gravement détruite par un bombardement le 23 décembre 1944 et reconstruite. À l'intérieur, il y a un remarquable chemin de croix contemporain en pierre locale, sculpté par Eugène Keller de Höhr-Grenzhausen. Le bénitier, la grande croix, la statue de la Vierge sont du même artiste. Il y avait à Saarburg la fonderie de cloches Mabilon, qui a perduré de 1770 à 2002. Puis je suis pris d'une inspiration sportive et digestive. Je vais monter en haut du château construit par le comte Sigefroi de Luxembourg avant l'an 964, puis agrandi à la fin du XIIIe siècle par les archevêques de Trèves. De la chapelle évangéliste en grès rouge, datant de 1873, en-dessous du château jusqu'à l'entrée de la tour, il y a deux cent quatre-vingt et une marches. À cela, s'ajoutent les quatre-vingt-trois marches intérieures de la tour. Cela fait en tout trois cent soixante-quatre marches. Et il faudra les redescendre après ! Arrivé tout en haut de la tour, je demande à une courageuse allemande déjà là s'il y a un saut à l'élastique installé. Elle a dû me prendre pour un fou, mais elle a ri de bon cœur. Mais de là-haut, touchant presque le ciel, quelle belle vue sur Saarburg et la rivière de la Sarre, avec en face les collines plantées de vignes. Redescendant, je croise Barbara qui entreprend l'ascension de la tour. Bon courage ! En bas de la tour, un puits de 60 à 65 mètres de profondeur a été creusé vers 1360, jusqu'au fond de la vallée. Pas fainéants les puisatiers de l'époque !

© Photos (11) : J. Sauval-Schmutzler - 20/05/2022


Arrivé au car pour repartir, content de mon exploit, mais fatigué, je signale à Jean-Paul une plaque non loin, qui devrait l'intéresser. Il s'agit d'une plaque commémorative signalant la présence depuis le premier décembre 1951 d'un groupe de chars de combat Nr VII et exprimant les bonnes relations entre cette unité et la population de Saarburg, si j'ai bien compris.

Ce soir, nous sera offert un repas amélioré pour la fin de cette assemblée Générale à Trèves. Un musicien est présent et il y a une superbe ambiance. Les trois serveuses, plus une que l'on ne voyait pas en salle, n'hésitent pas à nous rejoindre pour danser. Que la vie est belle quand on est entre amis. Ce soir, je remonte dans ma chambre avec plein d'étoiles dans les yeux.

Le repas du soir et la fête.

© Photos (12) : J. Sauval-Schmutzler - 20/05/2022



Samedi 21 mai 2022

Jour de départ, jour de nostalgie. C'est curieux comme je prends le temps de fermer ma valise, comme si je voulais arrêter le temps ou du moins le ralentir. Les Bonjour et les Au-revoir sont plus soutenus en intensité. Les À l'année prochaine ont déjà un accent d'impatience.
Nous revenons par la Belgique. Il y a beaucoup de camions. Je vois la direction " Bastognes " connue pour la résistance héroïque des troupes américaines contre une contre-offensive de l'armée nazie en décembre 1944, en plein hiver, dernier sursaut désespéré d'un régime qui a amené le malheur sur le peuple allemand. La direction Verlaine me fait penser au sulfureux écrivain. Puis Givet, dans les Ardennes. Là, je connais ! C'est dans la forteresse sur les hauteurs de la ville, en 1968, lors de mon service militaire, que j'ai fait un stage commando. À peine croyable pour ceux et celles qui me connaissent. Moi aussi, je suis étonné de cela. Il y a cinquante-quatre de passés depuis. Je peux expliquer par exemple comment descendre à l'intérieur d'une grande cheminée, en s'aidant uniquement des coudes et des genoux. Très facile en fait et sans danger. Je pense que le Père Noël a dû aussi faire un stage commando à Givet ! Ce panneau m'a rappelé mes vingt ans. Et ça m'a rappelé aussi que beaucoup d'entre nous, moi le premier, se posent la question suivante : Qu'ai-je fait de ma jeunesse et de ma vie ? Question parfois douloureuse. Sur l'autoroute E411, il y a une curieuse sculpture contemporaine en fer. C'est un demi-cercle, dont une moitié, très haute, entre dans la terre sur la droite et dont l'autre moitié ressurgit sur la gauche, donnant l'impression que le cerceau entier passe sous les deux voies d'autoroute. Il y a des portions d'autoroute, dont le revêtement de bitume est très dégradé, faute d'entretien. En fait, ce doit être le bitume d'origine. Cela est très inconfortable pour les suspensions de voitures. Mais ce qui m'effare le plus, c'est ce que je découvre en nous arrêtant sur une aire de l'autoroute. Il n'y a pas de toilettes. Ces dernières sont le sous-bois longeant l'aire de repos. Sur les tables pour pique-niquer, il manque des planches. Les couvercles des bacs poubelles ont tous un revêtement de graisse sur lequel sont collés des insectes et des feuilles d'arbres. Les Belges n'ont-ils pas de l'amour-propre pour accepter cette situation ? Que doivent penser tous les étrangers qui s'arrêtent en ces lieux, de la Belgique ? En France, on paie pour utiliser les autoroutes, mais au moins on a des équipements corrects et entretenus pour soulager les vessies et pour manger sans se croire dans un pays sous-développé. Nous traversons enfin ce qui était la frontière. Rien à déclarer à la douane ? me demandent deux douaniers imaginaires, dont les visages me rappellent un certain Dany Boon et son collègue Benoît Poelvoorde. Si, pleins de bons souvenirs et de belles images.

Encore une assemblée générale qui restera dans les mémoires. En ce qui me concerne, elle m'a particulièrement marqué et enthousiasmé. Je sais ! Vous avez attendu toutes et tous que je me mette à l'écriture racontant cette semaine. J'ai attendu que mes doigts se reposent un peu, car j'ai fait chauffer le stylo, que ce récit se structure dans ma tête, que je vérifie certains renseignements, puis est arrivée la canicule. Elle a le dos large, penserez-vous peut-être. Mais j'ai eu un très grand plaisir à revivre ces quelques jours, grâce à l'écriture, et à revoir vos chers visages.


Dominique SAMSON
De ma chaise longue, le jeudi 18 août 2022



















































SOMMAIRE - INHALT

Vie de l'Amicale