Allocution de Marie-Cécile ZIPPERLING, Présidente d'honneur. WART-ALTENSTEIG, 11 juin 2010. * |
© Photo : J. Sauval-Schmutzler - 10/06/2010 |
Je suis Marie-Cécile Zipperling, chargée de recherches à la Deutsche Dienststelle (WASt) à Berlin.
Ce service renferme - sur une surface utilisable de près de 16.000 m² - 4.300 t de documents concernant les personnes incorporées dans l'armée allemande et les services à sa suite pendant la seconde guerre mondiale. Il est donc en Allemagne la source principale d'informations concernant ces personnes.
La WASt reçoit et traite plusieurs dizaines de milliers de demandes par an.
Depuis la dernière assemblée générale, donc au cours de ces derniers douze mois, nous avons reçu de France environ 800 demandes dont 106 nouvelles demandes relatives à une paternité.
Donc un total de 147 nouvelles demandes concernant une paternité.
L'une des plus étonnantes étant celle d'un monsieur âgé de 93 ans qui recherche, lui aussi, encore son père (guerre 14-18).
S'ajoutent environ 50 dossiers de paternité déjà clos qu'il nous a fallu reprendre dans des cas de demandes d'octroi de la double nationalité. Le Bundesverwaltungsamt de Cologne, le service fédéral administratif qui a la décision finale, sollicite dans de nombreux cas une photocopie et une traduction de votre toute première demande de recherche, aux fins de constater quelles étaient vos informations premières. Très souvent, il nous réclame aussi des précisions sur les lieux de stationnement des unités.
On peut donc dire que près de 200 dossiers traités pendant cette dernière année concernaient des demandes en paternité venant de France ou concernant des Français.
Les courriers venant d'Allemagne, cités plus haut, ont surtout fait suite à la rediffusion des documentaires "Enfant de l'Ennemi / Feindeskind (de Susanne Freitag et Claudia Döbber) en janvier 2010 et "Enfants de l'Occupation / Besatzungskinder) de Jochen Nuhn en mai 2010 sur des chaînes de télévision allemandes à des heures de grande écoute.
Pour vous donner une idée de la teneur de ces demandes et comme je sais que vous êtes friands d'anecdotes, je voudrais vous lire l'une d'elle qui m'a particulièrement émue car c'était la première et donc seule fois qu'un éventuel père se manifestait.
J'ai pu rassurer Monsieur Horst K. Aucune demande le concernant n'avait été adressée à notre service jusqu'à ce jour.
Et, sur les 18 demandes venant d'Allemands à la recherche d'un enfant de leur père, l'une d'elle a déjà abouti à un happy-end:
Andrea L., une jeune femme de Düsseldorf, avait été bouleversée par le premier documentaire en janvier 2010 et m'a appelée le lendemain même. Je suppose qu'elle n'avait pas dormi de la nuit. Elle et ses quatre frère et soeurs savaient que leur père avait laissé un enfant en France, une fille prénommée Monique.
Elle savait aussi qu'il y avait eu une rencontre entre son père et un oncle de Monique en Alsace en 1951 pour décider du lieu futur de résidence de Monique. Le père, Arnold, est décédé depuis de nombreuses années. Comment faire pour retrouver Monique?
Elle m'a donné les coordonnées de son père, l'ancien soldat de la Wehrmacht stationné en France. Et en effet, il y avait bien eu en 1991 une demande de recherche de la part d'une Monique V., d'une ville de Normandie, qui recherchait un soldat portant ce nom. Monique précisait qu'il y avait eu des correspondances entre son père et sa mère jusqu'en 1952, date du décès de sa mère.
Hélas, ses indications trop imprécises n'avaient à l'époque pas permis d'identifier son père avec certitude.
Mais cette fois, il n'y avait plus aucun doute. Ni plus une minute à perdre! Après avoir cherché son numéro de téléphone dans l'annuaire, j'ai appelé Monique. Je vous laisse imaginer son émotion et son bonheur d'apprendre que 5 frère et soeurs la recherchent. Elle-même avait totalement abandonné la recherche de son père.
Monique et sa fille sont allées rendre visite à toute la famille à Düsseldorf début mai 2010. Elles ont également été chaleureusement accueillies par la veuve du père. Cette dernière a même dit à sa fille Andrea qu'elle était très fière d'elle parce qu'elle avait recherché et trouvé sa soeur Monique!
Andrea m'a envoyé une lettre très émouvante suite à cette première rencontre. Elle écrit entre autre, le 19 mai:
Je terminerai en évoquant les nombreuses visites que nous avons reçues cette année, en groupes ou visites individuelles. À la mi-mai, j'avais le plaisir de recevoir Odile et Dominique, après eux un monsieur de Limoges dont le père a vécu à Berlin. Nous sommes allés ensemble sur sa tombe. Et il y a trois jours, une dame venant de Bretagne. Dans quinze jours, ce seront Eliane et sa soeur Thekla.
Donc, de plus en plus, vous osez venir à Berlin, et je constate même qu'une fois arrivés, vous ne voulez plus repartir, tellement cette ville vous plaît!
Il est toujours impressionnant pour mes collègues et moi-même de voir l'émotion qui vous saisit lorsque vous visitez la WASt, que vous traversez les longues salles remplies de documents, de cartes, de listes, et encore plus lorsque vous tenez dans vos mains un document concernant le père que vous n'avez pas connu.
Je crois qu'un prochain voyage de l'ANEG est prévu pour septembre. Je vous dis donc: à bientôt!.
Marie-Cécile ZIPPERLING. Deutsche Dienststelle (WASt), Berlin. Wart-Altensteig, 11 Juni 2010. |
Mein Name ist Marie-Cécile Zipperling und ich bin in der DD (WASt) in Berlin (für die Benachrichtigung der nächsten Angehörigen von Gefallenen der ehemaligen deutschen Wehrmacht) beschäftigt.
Diese Dienststelle verwaltet mit rund 16.000 m² Nutzfläche etwa 4.300 t Akten- und Karteimaterial über die Personen, die während des zweiten Weltkrieges der deutschen Wehrmacht angehörten. Sie ist also die wichtigste Informationsquelle, was diesen Personenkreis betrifft.
Die WASt erhält und bearbeitet mehrere Zehntausend Anfragen pro Jahr. Seit unserem letzten Treffen vor einem Jahr sind aus Frankreich ca. 800 Anfragen angekommen, darunter 106, die die Suche nach dem leiblichen deutschen Vater betreffen.
Eine erstaunliche Anfrage war u.a. diejenige eines 93-jährigen Herrn, der noch heute seinen leiblichen Vater sucht (1914-18).
Hinzu kamen ca. 50 Anfragen vom Bundesverwaltungsamt Köln, die die Einbürgerung französischer Kriegskinder betrafen. Bei uns waren diese Fälle bereits abgeschlossen. Das BVA forderte eine Kopie und Übersetzung der ersten Anfrage des Kriegskindes an die WASt. Sehr oft werden auch genauere Angaben zu den Stationierungsorten in Frankreich verlangt.
Man kann also feststellen, dass im vergangenen Jahr ca. 200 Anfragen französische Kriegskinder betrafen.
Die vorher erwähnten Anfragen von deutschen Familien waren die Folge der im deutschen Fernsehen erneut ausgestrahlten Dokumentarfilme "Feindeskind" von Susanne Freitag und Claudia Döbber im Januar 2010 und "Besatzungskinder" von Jochen Nuhn im Mai 2010.
Ich möchte Ihnen z.B. den Brief eines ehemaligen deutschen Soldaten vorlesen da ich weiß, dass Sie Anekdoten schätzen. Dieser Herr hat mich besonders gerührt denn er ist der erste und bisher also einzige, der sich als "leiblicher" Vater freiwillig angeboten hat.
Ich konnte Herrn Horst K. übrigens beruhigen. Aus Frankreich war bisher keine Anfrage nach seinem Verbleib bei der WASt eingegangen.
Unter den 18 erwähnten Anfragen von Deutschen, die ein Kind ihres Vaters in Frankreich vermuten oder suchen, fand eine bisher tatsächlich ein glückliches Ende.
Andrea L., eine junge Frau aus Düsseldorf, hat diesen ersten Dokumentar-Film im Januar auf Phoenix gesehen und hat mich am nächsten Morgen angerufen. Sie war sehr aufgewühlt. Vermutlich hatte sie die ganze Nacht keinen Schlaf gefunden.
Sie und ihre vier Geschwister wussten nur, dass ihr Vater Arnold ein Kind in Frankreich hatte, ein Mädchen mit dem Vornamen Monique. Anfang der 50er-Jahren soll es zu einem Treffen im Elsass zwischen ihrem Vater Arnold und dem Onkel des französischen Kindes Monique gekommen sein. Dabei wurde beschlossen, dass das Kind bei seinen Verwandten in Frankreich bleibt. Das war alles, was Andrea bekannt war. Ihr Vater ist vor langer Zeit verstorben. Wie also Monique wiederfinden?
Nachdem sie mir den Namen ihres Vaters mitgeteilt hatte, überprüfte ich Anfragen aus vergangener Zeit. Ich fand tatsächlich die Anfrage einer Monique, die im Jahre 1991 ihren Vater suchte. Damals, auf Grund zu ungenauer Angaben, hatte er leider nicht mit Sicherheit identifiziert werden können.
Nun gab es aber keine Zweifel mehr. Und keine Minute zu verlieren! Moniques Telefonnummer fand ich im Telefonbuch. Sie können sich vorstellen, wie sprachlos und wie überglücklich sie war, als sie erfuhr, dass 5 Geschwister sie fieberhaft suchten. Sie selbst hatte die Suche nach ihrem Vater aufgegeben.
Im Mai ist sie mit ihrer Tochter nach Düsseldorf gefahren und hat ihre ganze Familie kennen gelernt. Die Witwe ihres Vaters hat sie besonders herzlich empfangen. Diese Dame hat sogar ihrer Tochter Andrea gesagt, wie stolz sie auf sie sei, weil sie ihre Halbschwester Monique gesucht und gefunden hat.
Nach diesem ersten Treffen bekam ich von Andrea einen sehr lieben Brief. Sie schrieb am 19. Mai u.a.:
Zum Schluss ein paar Worte über die vielen Besuche von Gruppen oder Einzelpersonen, die wir im Laufe des vergangenen Jahres hatten. Mitte Mai kamen Odile und Dominique. Nach ihnen kam ein Herr aus Limoges, dessen Vater in Berlin lebte. Wir haben zusammen sein Grab besucht. Noch vor drei Tagen kam eine Dame aus der Bretagne. Übernächste Woche kommen Eliane und ihre Schwester Thekla.
Immer mehr von Ihnen finden also den Mut, nach Berlin zu kommen. Und wenn sie da sind, wollen sie auch gar nicht mehr zurück, weil ihnen die Stadt Berlin so sehr gefällt.
Für meine Kollegen und für mich ist es immer wieder beeindruckend zu sehen, welche Wirkung die Besichtigung der WASt auf Sie hat, wenn Sie die langen Sälen voller Akten, Karten, Listen durchqueren und, vor allem, wenn Sie ein Originaldokument, das Ihren Vater betrifft, in den Händen halten.
Die ANEG plant die nächste Gruppenreise im September 2010. Ich sage Ihnen allen also: auf bald!