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Avis de recherche de Karl Klaus Weishaupt
et de sa famille

Article paru le : 16 juin 2008 dans Paris-Normandie.

Un enfant à retrouver
APPEL. Les Weishaupt lancent un avis de recherche pour retrouver le fils
qu'a eu leur grand-père, soldat allemand présent sous l'occupation au Havre,
avec une Havraise.


Reconnaissez-vous ce soldat allemand qui a eu un fils avec une Havraise en 1941 ou 1942 ?
Le Rhin, la langue, la culture, l'histoire, et la guerre passée les séparent. Malgré cela, les liens du sang sont les plus forts. Comme on lance une bouteille à la mer, une famille allemande cherche à retrouver l'un de ses membres, originaire du Havre : un enfant de la guerre, né d'une mère havraise et d'un père soldat allemand.

Ce père, c'est Karl Weishaupt. Il a vu le jour en novembre 1915. En février 1940, Karl épouse Marianne, elle aussi allemande. Le couple donnera naissance à un fils et une fille. Mais c'est la guerre. Et quelques mois après le mariage, Karl est envoyé en France. Engagé dans la marine, il débarque au Havre l'avant-veille de Noël 1940.


L'ancien peintre publicitaire de vitrine s'est transformé en conducteur de locomotive sur le port. Il découvre la Porte océane. L'échappée vers la mer. Il y rencontre surtout une femme. Une Havraise. De ces amours, mal vues des Français mais pas si exceptionnelles à l'époque, est né un autre garçon. C'est lui que la famille de Karl recherche depuis l'Allemagne.

Le secret a pourtant été gardé durant des dizaines d'années au cœur de la famille allemande de Karl. "Je me suis lancé dans la généalogie. C'est alors que ma tante et mon père m'ont parlé de cet enfant. Leur frère. Mon oncle. Un garçon que mon grand-père a sûrement reconnu puisque, selon mes informations, une pension était versée à la mère havraise", lance Karl Klaus Weishaupt, le petit-fils aujourd'hui âgé d'une quarantaine d'années. "Il est très important pour moi et ma famille de le connaître".

Mais personne ne connaît le prénom ou le nom de cet enfant, pas plus que celui de sa mère. La famille Weishaupt a donc fait appel à Valentin Schneider, qui prépare une thèse d'histoire à l'Université de Caen sur la présence allemande en Normandie entre 1940 et 1948. Muni de photos et de documents d'époque, ce dernier a souhaité lancer un appel via la Presse havraise. C'est à présent chose faite. Peut-être quelqu'un, au Havre, se reconnaîtra ou se souviendra de cet enfant. Soixante ans après, ceux que l'on a trop longtemps nommés "les enfants de boches" commencent enfin à être pris en compte. En avril dernier, Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères, déclarait d'ailleurs : "Cette identité faite de guerre et de souffrances, d'amours et de détestation, c'est aussi l'identité de l'Europe". C'est aussi celle de la famille Weishaupt, qui cherche à se retrouver.

MARIE-ANGE MARAINE


Pour tout renseignement, contacter la Presse havraise au 02.35.19.17.26 qui vous mettra en relation, si vous le souhaitez, avec Valentin Schneider, intermédiaire de la famille Weishaupt. "Il est important pour moi et ma famille de le connaître". 200.000 C'est le nombre estimé d'enfants nés de père allemand durant la Seconde Guerre mondiale.

Reconnus
Le 24 avril dernier, Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères, lançait un appel pour une meilleure reconnaissance de ces enfants de la guerre.

Association
L'Amicale nationale des enfants de la guerre, regroupe les personnes nées de père relevant des forces d'occupation de l'Armée allemande et de mère française. Elle compte à ce jour plus de 215 adhérents "Enfants de la guerre".

Renseignements
au 3 rue de l'église à 76270 Mesnières-en-Bray.
au 02.35.93.25.04, jeanine.aneg@wanadoo.fr ou sur le site http://anegfrance.free.fr

MARIE-ANGE MARAINE




Extraits de l'article paru dans "Le Havre Presse" et dans "Le Havre Libre" du 25 juin 2008.

Ces "enfants de la guerre"
TEMOIGNAGES. Après notre appel à témoins sur un enfant
né d'un soldat allemand, les Havrais se sont mobilisés.

"Cet enfant que vous cherchez, c'était peut-être mon père". Dans notre édition du 16 juin, nous évoquions cette famille allemande, les Weishaupt, qui cherchent à retrouver leur demi-frère, né d'une mère havraise et de leur père, soldat allemand en casernement à la Porte océane. Lorsque Catherine Le Coz a ouvert notre journal, ce jour-là, son regard s'est arrêté. Cette photo en noir et blanc du soldat allemand... Quelle ressemblance avec les membres de sa famille ! Car son père, décédé en 2003, était né en 1942 d'un père, soldat dans l'armée d'occupation. Et si cette famille Weishaupt, qui a lancé un appel, avait un lien avec elle ?

Mais Catherine n'est pas la seule à avoir réagi à notre article. De nombreux appels de soutien et de propositions d'aide sont parvenus à notre rédaction.
"Quand j'ai lu l'article, j'ai tout de suite pensé à mon propre cas. Depuis quatre ans, je recherche mon père, soldat allemand. Rien à voir avec la famille Weishaupt. Mais vous savez, les enfants de le guerre comme on les appelle, ont toujours eu l'impression d'être seuls à porter un fardeau trop lourd pour eux. L'entre-aide entre nous est essentielle. Alors, si par mes connaissances sur les méthodes de recherche, je peux aider cette famille allemande, je le ferais. Des articles comme celui paru dans la Presse Havraise aident à délier les langues. Mais trop de choses restent encore cachées. C'est en s'aidant mutuellement que nous ferons avancer la vérité. Les vérités. Celles de nos racines, de nos origines". explique Michel Blanc...

... D'autres habitants de la Porte océane ont juste tenu à nous préciser qu'eux aussi étaient enfants de soldats allemands.

Lucienne Weise, quant à elle, a souhaité apporter sa pierre. Elle avait 11 ans durant la guerre. Elle vivait dans le quartier Saint-Vincent, face à l'école Bellanger réquisitionnée pour le stationnement des soldats de l'occupation.
"De nombreux enfants y sont nés, de mères françaises et de pères soldats. Pour information, la brasserie Paillette était ornée, à l'époque, de paysages allemands peints sur sa devanture. Il y a peut-être un lien puisqu'il est écrit dans le journal que Karl Weishaupt était peintre pour vitrine dans le civil" précise la vieille dame.

Depuis notre article, Catherine Le Coz s'est lancée dans les recherches. Elle a rassemblé des photos de son père et prit contact avec l'association ANEG qui cherche à mettre en relation les familles françaises et allemandes.

Catherine a aussi déniché l'adresse de sa grand-mère, au 94 rue Massillon et l'acte de naissance de son père. Avec l'espoir fou mais maîtrisé qu'il s'agit bien de cet enfant dont nous parlions dans nos colones.
"Mon père était un homme formidable qui a souffert de ne pas avoir de père. Si je peux faire cela pour lui...". Elle attend aujourd'hui un contact avec la famille Weishaupt.

MARIE-ANGE MARAINE


Karl et ses amis de régiment devant une brasserie
lors de leur stationnement au Havre