Heinrich Heine
Portrait par Moritz Daniel Oppenheim
1831 (détail).



Photo : Patrick Guilbert
Maison Heinrich Heine
poète et journaliste allemand

Fondation de l'Allemagne

Cité Internationale Universitaire de Paris.
Compte rendu du Colloque exceptionnelle
du mardi 27 octobre 2009.

Photo : Patrick Guilbert

UNE ENFANCE RÉCONCILIÉE
*
En présence de :
Madame DEUSSEN, directrice de la "Maison Heinrich Heine",
Madame FELLNER, détachée par le gouvernement fédéral allemand auprès de M. KOUCHNER
et chargée du dossier "Enfants de la guerre",
Madame ZIPPERLING, chargée de recherches à la WASt, service allemand des archives militaires,
Monsieur VIRGILI, chargé de recherches au CNRS, auteur de "Naître ennemi",
Monsieur NORZ, de la WASt, co-auteur du livre "Enfants Maudits."

Photo : Patrick Guilbert
Photo : Patrick Guilbert

Mme, Mr les présidents des deux associations françaises d'Enfants de la Guerre, Amicale Nationale des Enfants de la Guerre et Cœurs sans frontière et de nombreux membres de ces deux associations.

Photo : Patrick Guilbert
Après de chaleureux moments de convivialité fraternelle dans le hall, tandis que les uns et les autres se retrouvent avec un évident plaisir, Madame Deussen souhaite la bienvenue à une assistance attentive et dense. Elle brosse en quelques mots la genèse de notre "émergence" officielle : le film "Enfants de Boches" d'Olivier Truc et Christophe Weber en 2003, la publication du livre de Jean-Paul Picaper et Ludwig Norz "Enfants maudits" en 2004, premiers contacts avec l'ambassade d'Allemagne des quelques pionniers, parmi lesquels Jeanine Nivoix-Sevestre, notre présidente.
Vinrent ensuite la création des deux associations et l'afflux de nouvelles adhésions, pour aboutir, à l'automne 2009, aux premières obtentions de nationalité et de passeports allemands par 7 "Enfants de la Guerre".
"L'État allemand, en leur accordant cette reconnaissance, s'est substitué au père défaillant",
devait conclure Madame Deussen, fort applaudie pour cette belle phrase.

Commence ensuite la projection du film "Enfants de Boches", dans un silence épais et recueilli : il révèle l'émotion suscitée par ces images, ces témoignages poignants, qui sont le miroir de nos vies et de celles de nos parents.


Photo : Jehan Sauval-Schmutzler
Puis c'est au tour de Madame Fellner d'apporter commentaires et éclaircissements. Dans un français parfait et sans accent, elle rappelle le traité d'amitié franco-allemand de 1963, renouvelé en 2003, avec une composante "réconciliation entre les deux peuples" renforcée. À cette date a été instauré l'échange de diplomates des deux pays, afin de concrétiser et solidifier les relations. Elle-même a été envoyée par la République fédérale d'Allemagne pour assister le Ministre français des Affaires Etrangères et européennes, Bernard Kouchner, avec lequel elle travaille en parfaites coopération et intelligence.

Madame Fellner nous confie que notre dossier est "très lourd d'émotion" ! "Quand on reçoit quelqu'un, ajoute-t-elle, on lui ouvre le cœur". Pour M. Kouchner et elle-même, l'individu dont ils étudient le cas n'est pas un simple numéro. Ils ont donc convaincu les partenaires allemands que le sort des "Enfants de la Guerre était l'un des derniers dossiers à résoudre pour finaliser la réconciliation franco-allemande. Il faut un geste fort pour réparer les souffrances que les Enfants de la Guerre ont subies au cours de leur vie" conclut-elle, mais il restera encore aux deux pays à mettre en place un processus similaire pour les enfants nés en Allemagne d'un père prisonnier français.


Photo : Patrick Guilbert
Fabrice Virgili, monté à la tribune, analyse les raisons de l'émergence de ce débat seulement vers 2003, et non auparavant. D'après lui, les Enfants de la Guerre, devenus sexagénaires et retraités, ont alors eu le temps et le désir de retrouver, parfois par le biais de la généalogie, leur passé et leurs racines. C'est, souvent aussi, l'époque où leurs mères, au seuil du grand départ, ont éprouvé le besoin de se confier, de libérer leur mémoire du poids insupportable du secret . Il explique également combien le problème de la nationalité préoccupait les français sous l'Occupation : peur de perdre un jour la leur, peur de voir ces petits "bâtards" échapper à la France et devenir allemands, lois proclamant le double droit du sol et du sang, possibilité pour la mère de transmettre cette nationalité française.

À cette époque, on peut être français par application des dispositions de l'article 24, 1° du code de la Nationalité Française, "comme étant né en France d'une mère qui y est également née". En Allemagne, les femmes devront attendre les années 1975 pour avoir le droit de transmettre à leurs enfants la nationalité allemande.

Les présidents d'associations sont invités à prendre à leur tour la parole. Claire, efficace et mesurée, "notre" Jeanine dresse un tableau concis mais très explicite de l'ANEG, fondée le 18/06/2005 : son idéologie, ses objectifs, ses activités. Pour Cœurs Sans Frontière, c'est Daniel Rouxel qui lit le message du président, absent excusé.

Toujours aussi menue, douce et souriante, notre grande amie Marie-Cécile Zipperling nous dit "avoir été entraînée dans une aventure à laquelle elle ne s'attendait pas". Si son service de deux personnes, à la WASt de Berlin, ronronnait tranquillement jusqu'en 2000, il a littéralement explosé dès 2003, après la sortie du film de C.Weber. En 2004, ce sont 313 demandes qui lui sont parvenues, contre 130 en 2003. À ce jour, 200 à 250 Enfants de la Guerre français ont retrouvé avec bonheur leurs familles allemandes. Bravo Marie-Cécile, nous sommes admiratifs et reconnaissants devant le travail accompli et les résultats obtenus !

Photos : Patrick Guilbert

Puis Ludwig Norz, avec sa gentillesse coutumière, précise que depuis 2002, le thèmes des recherches entreprises par les historiens à la WASt est précisément "les Enfants de la Guerre", détrônant le problème du Lebensborn norvégien.

Vient enfin l'instant tant attendu de la joie et de l'émotion :
6 des 7 nouveaux citoyens allemands,
rassemblés sur l'estrade, exhibent avec une fierté mêlée de larmes retenues
leurs "Reisepass" rouges et/ou leurs certificats de nationalité allemands.
Que ce soit Marcelle, Pierre, Jehan ou les confrères de Cœurs sans Frontière,
tous disent leur bonheur d'être enfin officiellement ce qu'ils étaient dans leur cœur depuis l'enfance.
Un dernier souhait demeure maintenant en suspens : obtenir l'autorisation de porter le nom de leur
"Papa allemand".

Les techniciens de la chaîne de TV allemande ZDF, présente, immortalisent ces images, qui seront diffusées au J.T. du lendemain soir.

Le pot de l'amitié qui clôture agréablement cette soirée concrétise admirablement notre double appartenance :
dans la maison de l'Allemagne, ce Vaterland (pays père)
qui nous ouvre enfin les bras, c'est du rouge vin de France qui emplit les verres... et les gosiers !

Josiane van MIERLO-MAUCHAUFFÉE

*


Heinrich Heine.
Poète et journaliste allemand.

"Ceux qui brûlent les livres
finissent tôt ou tard par brûler les Hommes."


Heinrich Heine est né à Düsseldorf le 13 décembre 1797 et décédé à Paris le 17 février 1856.
Il repose au cimetière Montmartre (Section 27 Avenue Hector Berlioz).


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"VIE DE L'AMICALE
Was sich so alles tut..."