AMICALE NATIONALE DES ENFANTS DE LA GUERRE (A.N.E.G.)- Rencontres régionales en Seine-Maritime à Mesnières-en-Bray

Samedi 07 avril 2012, grosse animation et force embrassades près de la salle des fêtes de Mesnières-en-Bray (près de Neufchâtel-en-Bray), vers onze heures et midi. Ce ne sont quand même pas des voyageurs qui sont déjà revenus de Rome avec les cloches ? En arrivant, je n'ai pas aperçu de vaches inquiètes de voir atterrir dans leurs verts prés ces étranges ovnis sonnant de toutes leurs forces au point, non pas de donner le bourdon, (normal pour une cloche !), mais de faire tourner le lait en beurre de nos belles ruminantes à quatre pattes. Quoi ? Ces engins volants n'existent pas ? Vous n'en avez jamais vu passer ? Pourtant, les enfants de Mesnières-en-Bray, après une rapide enquête, m'ont affirmé que si.

Il y a des voitures de la Normandie herbeuse, de la plate Picardie et de l'Île-de-France bruyante, mais dont certains habitants savent, quand il le faut, échapper à l'agitation pour venir nous voir. Mais surtout, il y a des visages que l'on reconnait et qui ont la faculté de nous rendre joyeux et affectueux dès qu'on les voit. Oui, aujourd'hui, les normands anégiens invitent à partager une journée conviviale, en commençant bien sûr par un repas. Autour des tables rondes (elles seules le resteront, car nous savons rester raisonnables), soixante seize adhérents et amis auront beaucoup d'anecdotes et de confidences à se dire entre eux. Certains ne se sont pas vus depuis la dernière rencontre à Villeneuve-d'Ascq, il y a presque un an.
Sur les tables est mise une décoration que nous trouvons géniale et opportune : sur un plateau de couleur verte comme l'herbe du Pays de Bray sont fixés des verres contenant une fleur et des bâtonnets empalant des guimauves. Et entre les verres, sont installés des petits cailloux. Cela ne vous rappelle rien ? Si, bien sûr, Des fleurs sur les cailloux, le best-seller de notre association. Félicitations à Françoise Sauval qui a eu cette bonne idée. Ces décorations seront l'objet d'une tombola à l'issue du repas. Mais stupeur, les gourmands ont fait déjà disparaître les délicieuses guimauves dans la profondeur de leurs gosiers avides de sucreries.

Il y a aussi, caché dans chaque serviette reposant sur l'assiette, un śuf de Pâques. C'est une attention supplémentaire qui nous touche. Je vous l'ai déjà dit. À l'ANEG, on n'aime que les bonnes choses. Nous aurons le plaisir et la fierté d'avoir parmi nous madame Dominique Hieblot, du service des Archives militaires et victimes des conflits contemporains de Caen et monsieur Hans Herth. Mr Herth est un allemand arrivé en France à l'âge de dix ans. Travaillant pour l'Office d'échange franco-allemand, toute sa vie, il a milité pour développer les amitiés entre l'Allemagne et la France et développer l'apprentissage de la langue allemande dans les écoles. Il nous donne un vibrant et puissant encouragement à śuvrer, au sein de notre association et dans notre vie personnelle, dans cette optique humaniste et constructive pour la paix, la connaissance et la compréhension pour les générations futures. Il y avait aussi monsieur Dany Minel, maire de la commune, visiblement enchanté d'être avec nous, heureux aussi d'apprendre que certaines dames étaient sous le charme. Suis-je indiscret en disant que Jeanine l'a connu enfant, l'a vu grandir et devenir une personne incontournable du village, car aimant celui-ci et y étant bien enraciné.

Ce grand moment de convivialité n'aurait pu se faire sans l'énergie et le temps donné par Jeanine, Michel, Pierre, Huguette qui a trouvé du monde pour aider à la cuisine, Mimi la voisine et amie de Jeanine et tous ceux qui ont aidé au service. Nous ne donnerons pas le menu, hormis le fait qu'il se terminait par une spécialité du coin, le « Cśur de Neufchâtel », fromage dont, selon les sensibilités olfactives, les effluves chatouillaient ou agressaient les narines.

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Mais il n'y a pas que les bouches qui étaient en action à ce moment-là. Il y avait aussi les oreilles... musicales bien sûr. Marie-Michelle, la charmante épouse de Patrick, notre ami depuis toujours, participe à une chorale de Grand-Couronne, le groupe Mayangi (qui veut dire bonheur), animée par le dynamique Joseph ("le soleil pour nous tous" avouera une chanteuse). C'est grâce à elle que tout le groupe était présent au moment du repas. Nous n'avons pas dansé, seules quelques fourchettes ont fait des pas timides dans l'assiette, car comment manger et être transportés en même temps par la beauté et la vitalité des chants gospels ? C'est un bonheur d'avoir eu cette chorale parmi nous.

Rien de mieux après un bon repas que de faire une promenade digestive dans Mesnières-en-Bray. Direction donc le château, où nous attendent la charmante Marie-Amélie et une autre toute aussi gracieuse accompagnatrice. Marie-Amélie est la fille du maire, heureuse et fière d'être guide dans ces lieux qui l'ont vu aussi élève, car le château est le siège de l'institution Saint-Joseph, qui gère une école, un collège et un lycée horticole et forestier. En passant par la rue de l'église, nous voyons une maison qui est pour nous, anégiens, aussi un "château" puisque c'est là que résident Jeanine et Michel.

Je ne ferai pas ici un remake de tout ce que nous ont dit nos guides. Rappelons-nous seulement que le château a commencé à être construit vers 1500, que ses tours de 28 m. font penser au château de Chaumont-sur-Loire, que d'importants bâtiments ont été construits à proximité pour héberger un orphelinat au XIX° s. Mais surtout, qu'un incendie a dévasté, le vendredi 20 février 2004, les toitures et une partie des pièces. Il faudra beaucoup d'argent, d'années, de volonté et de travail pour voir ce très beau lieu retrouver une nouvelle jeunesse. Mais déjà, de grandes blessures ont été pansées. Nous avons parcouru la galerie des Cerfs, la salle des cartes, la chapelle seigneuriale, ce qui reste de la chapelle du XIX° s. Nous avons cru reconnaître, dans la salle des quatre tambours, sur un tableau ancien, Jeanine dans la pose d'une châtelaine tenant un arc. Cela aurait pu être, car Jeanine a travaillé plusieurs décennies en ces lieux comme documentaliste. Comme à Fontainebleau pour Napoléon, la cour du château sera pour un grand nombre d'entre nous, non pas celle des adieux, mais des au revoir. Que les journées passent vite dans ces moments-là ! Nous nous sentons un peu orphelins après. Mais les souvenirs de ces bons moments sont un radiateur pour notre âme et nous aident à patienter jusqu'à une prochaine retrouvaille. Le plus vite possible, bien sûr...

Dominique Samson

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