© Photo J. S. 04/2005.
Discours de
Marie-Cécile ZIPPERLING
aux "Enfants de la Guerre".
11 avril 2005 - BERLIN

Mesdames, Messieurs, chers amis,

Merci à vous, les "enfants de la guerre" d'avoir entrepris ce voyage, fatigant et très éprouvant pour certains et certaines, qui nous aura permis de faire connaissance "en vrai". J'espère que votre séjour à Berlin vous restera toujours un agréable souvenir. J'espère aussi que s'ensuivront bien d'autres rencontres, auxquelles se joindront tous ceux, nombreux, qui n'ont pu venir à Berlin cette fois-ci. Je sais que vous vous sentez tous liés les uns aux autres et cela fait sincèrement plaisir à voir. Vous savez que vous pouvez vous confier les uns aux autres tout ce qui vous pèse. Vous vous donnez maintenant de la force les uns aux autres, après avoir cru presque toute votre vie être le ou la seul(e) enfant né(e) d'un père allemand au beau milieu de la guerre !

Lorsque j'ai commencé à travailler au Service WASt, en 1983, il y a donc 22 ans, je ne me faisais en fait pas grande illusion sur le travail qui m'attendait : fouiller dans de vieilles paperasses, et en plus sur un thème plutôt lugubre. Comme on peut se tromper !!! Au fur et à mesure que les années ont passé, ces vieilles paperasses font partie de ma vie, ce travail est devenu une passion.

Je suis née quelques années après la fin de la guerre en France et j'y ai vécu les 20 premières années de ma vie. Pendant ces vingt années, je n'ai jamais entendu parler d' "enfants de soldats allemands" qui seraient nés en France pendant la guerre. Ma propre tante a épousé un prisonnier de guerre allemand et l'a suivi en Allemagne lorsqu'il a été libéré de captivité. Dans la famille, entre temps, on semblait avoir accepté les faits, on ne parlait plus du drame que cela avait en fait été pour toute la famille à l'époque, ce que je n'ai appris qu'il y a quelques années ! Je sais donc de propre expérience quels tabous il y a eu et y a toujours autour de ce sujet.


© Photo J. Sauval - BERLIN , 11 avril 2005.

Jusqu'en l'année 2000, il nous arrivait bien chaque année à la WASt quelques demandes de recherches en paternité, venant de France. On pouvait les compter sur les doigts de la main. Nous y répondions sans nous douter de l'ampleur du phénomène.

Le nombre de demandes est monté en flèche à partir de 2003, suite au documentaire "Enfants de Boches" de Christophe WEBER et Olivier TRUC, dans lequel nous avons déjà fait la connaissance d'Elisabeth et de sa maman Madeleine, la première maman qui a eu le courage d'apporter son témoignage, à visage découvert, sur les faits horribles qui se sont déroulés en France à la libération. Je suis sûre qu'elle vous a fait, tout comme moi, pleurer à chaudes larmes. Hervé témoignait également dans ce documentaire. Il aurait dû être des nôtres mais il a un coup dur et nous pensons très fort à lui.

En 2004, tous vos témoignages bouleversants dans le livre "Enfants maudits" de J.P. P. et L. N. ont fait le reste puisque nous avons reçu en 2004, 320 demandes de Français et Françaises à la recherche de leurs origines. Enfin, on attaquait le sujet de face, on osait prononcer les mots jusque là imprononçables. On sortait enfin de l'ombre...

Les lettres qui nous sont envoyées commencent souvent par ces mots : ce n'est que récemment que j'ai appris que mon père était un soldat allemand. Une minorité a toujours su, certains l'ont appris pendant leur adolescence ou à leur majorité (Je pense entre parenthèses à Béatrice qui l'a appris le jour de son mariage ! À leur insu, elle a entendu ses parents se disputer et elle a compris que son "père" n'était pas son père et, de plus, elle a vécu très longtemps avec ce lourd secret).

Je pense que le fait de passer de la vie active à la retraite a été pour beaucoup d'entre vous le déclic pour entreprendre des recherches. Vous attendiez cette période de votre vie pour mettre de l'ordre, faire du tri dans votre maison, de la cave au grenier, mais aussi pour mettre de l'ordre dans votre vie. Certains m'écrivent même : je ne veux pas mourir sans savoir qui je suis.

Le fait aussi que les mamans vieillissent et disparaissent petit à petit a délié les langues. Certaine maman a fait la paix dans son âme et conscience en disant à son enfant qui il était réellement. D'autres l'apprennent peu de temps après la mort de leur mère, en triant des papiers, ou par des parents qui ont toujours su, eux !

Chantal :
a très bien exprimé tout ce que ces enfants ressentent : Pour achever de me construire, pour savoir quelle est la part inconnue de moi-même, je désire vraiment, de tout mon être, apprendre ce qui est arrivé à mon véritable père. Il nous faut en finir avec ce secret de famille, une nouvelle génération arrive, il ne faut pas qu'elle souffre à son tour de ce grand vide qu'est l'ignorance de nos racines.
Cette recherche est essentielle pour moi. Savoir mettrait un terme à 60 années de mal-être dû à l'ignorance. Mon unique souhait est de savoir quel homme est mon père, quel a été son destin, quelle part de moi-même vient de lui. Son histoire est vitale pour moi, je me sens depuis toujours amputée d'une partie de moi-même. Cette lettre a été délicate à écrire, elle est pleine de tant d'espoir !


Même si les demandes nous arrivent quotidiennement, aucune ne peut nous laisser insensible. Qu'il s'agisse de 4 lignes dans un e-mail ou d'une lettre de 3 pages, chaque demande cache un destin poignant, qui nous est parfois révélé dans un second courrier. Nous y découvrons des témoignages bouleversants, parfois étonnants, par exemple :

Jacques :
(qui n'avait fait aucun commentaire dans son e-mail) et qui m'a appris plus tard que son père géniteur avait laissé trois enfants en France, avant d'y décéder en 1948. Au fil des recherches, il s'est avéré que sa femme en Allemagne l'avait fait rechercher jusqu'en 1956 et qu'elle n'a sans doute jamais su ce qu'il était advenu de son mari.

Brigitte :
qui a passé toute son enfance et adolescence dans un orphelinat, maltraitée physiquement et psychologiquement, et à qui sa propre tante a encore dit en 2001 : tu as déjà gâché toute la vie de ta mère, tu ne vas pas maintenant aller mettre la merde dans une famille en Allemagne !

Anny :
qui a reçu une paire de gifles et un crachat en guise de réponse quand elle a demandé qui était son père avec la remarque : ma vie privée ne te regarde pas !

Bernard :
qui a passé ses trois premières années caché dans la cave, derrière le charbon,

Marie-Christine :
dont le père Willi a été arrêté par la Gestapo. Il a été condamné à mort et fusillé pour désertion,

Gérard :
qui a vécu le calvaire qu'il a dépeint dans son livre bouleversant : "Né à St. Malo de père allemand".

Je pourrais en citer des dizaines et des dizaines.

Presque chacun de vous a souffert de ses origines, que ce soit physiquement ou psychologiquement, souvent les deux. Quelques-uns ont été épargnés, comme Michel qui m'a dit : "je viens de terminer de lire le livre et j'en ai encore les larmes aux yeux rien que d'y penser. Je suis très étonné car je n'ai rien connu de tout cela. J'ai été choyé par ma mère et toute sa famille, sans jamais entendre un mot qui m'aurait fait du mal".

Nous, employés de la WASt, nous sommes conscients que pour chacun d'entre vous, nous sommes souvent le dernier espoir de trouver l'identité du père, de mettre un visage sur un nom, de rencontrer des parents en Allemagne, d'aller se recueillir sur une tombe...

Les témoignages d'hommes et de femmes qui ont obtenu les informations qu'ils (elles) souhaitaient sont très forts :

Claudie :
Je suis encore emportée par un tourbillon de pensées et d'émotions. Je reviens de Pologne où j'ai rencontré toute ma famille paternelle (sœur, frère, beau-frère, belle-sœur, nièces, neveux et petits-neveux et même la cousine et sa petite famille). J'ai été accueillie à bras ouverts, très chaleureusement, et comblée de cadeaux par tous. Un rêve ! Chacun s'est ingénié à retracer la vie de mon père : vécu, anecdotes, photos. J'ai maintenant non seulement trouvé une famille mais aussi en la révélant au grand jour accepté mon histoire personnelle. Je me sens reconnue.

Éric :
Je ne sais comment vous témoigner ma reconnaissance car je ne pensais pas du tout que je vivrais un événement pareil.

Jean :
Avec Manfred, mon frère, je suis allée me recueillir sur la tombe de notre père. Si vous saviez comme cela m'a fait du bien (et du mal en même temps car j'aurais peut-être pu le connaître de son vivant, et c'est mon plus profond regret). Mais déjà, en marchant dans cette ville avec mon épouse, je n'arrêtais pas de lui dire que mon père avait dû passer par là, fréquenter tel ou tel endroit.
Maintenant, mon cœur est apaisé et sur la tombe de ma mère, le 1er novembre, tout était différent. Je ne saurais jamais assez vous remercier.


Martine :
À la réception de votre courrier, j'aurais aimé crier à la terre entière que mon père était allemand, mais l'âge et la décence font que je me suis tue. J'ai vécu presque 60 ans avec l'absence du père, aujourd'hui je peux le nommer haut et fort, c'est merveilleux !

Odile et Cécile :
(petites-filles d'un soldat allemand. Leur père Paul est décédé en 2003, sans avoir jamais su qui était son père)
Nous avons donc passé le week-end chez Tante Gerda, un week-end plein de joie et d'amour. Nous avons beaucoup parlé, beaucoup pleuré, beaucoup ri aussi. C'était comme si nous nous étions toujours connus. Notre papa n'aura pas eu ce bonheur mais je suis sûre qu'il était avec nous, de là-haut.

Malheureusement, il ne nous est pas possible de donner satisfaction à tous ceux qui s'adressent à nous... et nous sommes à chaque fois sincèrement désolés de devoir apprendre à un homme ou à une femme, qui voit en nous le dernier espoir de retrouver ses racines, qu'il ne nous est pas possible de l'aider...

La documentation qui est archivée au Service WASt se rapporte aux états de services des anciens soldats de la Wehrmacht, mais en aucun cas à ses relations avec des civils dans quelque pays que ce soit. Cette documentation peut être d'un cas à l'autre très lacunaire. Il manque bien souvent des morceaux dans le puzzle c'est-à-dire que toutes les mutations, les hospitalisations, les captures ne sont pas forcément mentionnées. Pour certaines catégories (SS, Police, OT) les informations sont extrêmement fragmentaires, souvent inexistantes parce que détruites vers la fin des hostilités. D'autre part, les photographies des soldats sont rares dans les archives.

Si vous avez visité la WASt, vous savez que le fichier central renferme 18 millions de fiches individuelles. Cette documentation a donc été classée par ordre alphabétique, ce qui est le plus logique. Elle ne peut pas être classée selon les lieux de stationnement des soldats.

Le système informatique est malheureusement encore très peu développé, ce que nous sommes les premiers à déplorer, particulièrement dans ces cas de recherches bien précis.

Il nous faut parfois aussi expliquer que le Service WASt n'est pas un service de recherche de pères ou de mères inconnus. Cela ne représente d'ailleurs qu'une petite partie de notre travail, même si c'est la plus intéressante.

Lorsque les recherches ont permis de retrouver un père vivant, c'est à chaque fois pour nous-mêmes un moment d'angoisse... Comment va-t-il réagir ? Comment annoncer à un enfant que son père ne peut ou ne veut pas le rencontrer ou même pas entrer par lettre en contact avec lui ?

L'enfant nous écrit bien "s'il ne veut pas me connaître, je respecterai sa décision", mais quel désespoir, quelle déception de se voir abandonné une deuxième fois...
Une bonne partie des pères encore vivants acceptent de rencontrer leur enfant et si leur bonheur est grand et sincère, leur douleur l'est aussi d'avoir laissé passer tant d'années sans savoir ce qu'il était advenu de cet enfant, tant d'années que ni l'un ni l'autre ne pourront pas rattraper. Maud vous en dirait longs là-dessus...

Lorsque le père est décédé, dans la majeure des cas à l'heure actuelle, les réactions du côté de la famille en Allemagne sont très variées, allant du refus catégorique à l'enthousiasme spontané.

Mais si la plupart des familles répondent positivement à notre appel, cela ne veut pas dire que tout se passe "comme sur des roulettes".

Le ou la Française qui est à la recherche de son père ou de sa famille, sait bien certes que cela peut "mal tourner", que les frères et sœurs outre-Rhin peuvent refuser un contact. Ils disent ou écrivent "s'ils ne désirent pas faire ma connaissance, je les comprendrai très bien, mais il faut que j'aille jusqu'au bout", mais là aussi, quelle déception et quelle douleur pour eux si ces frères et sœurs ne souhaitent absolument pas les connaître, s'ils le disent ouvertement ou si tout simplement ils ne répondent jamais à notre demande, même renouvelée !

Pour les frères et sœurs allemands, apprendre tout à coup l'existence d'un frère ou d'une sœur en France n'a rien d'une chose légère. Après la joie et la curiosité spontanée d'en savoir plus, s'ensuit bien souvent une période douloureuse. J'ai appris que certains doivent chercher l'aide d'un psychothérapeute. Ils croyaient connaître leur père mieux que personne, ils croyaient tout savoir de sa vie passée. Et voici tout à coup un secret grand comme une montagne et l'image du père bascule d'une seconde à l'autre. Tandis que l'enfant français attend depuis des années cet instant, pour l'enfant allemand c'est presque toujours un véritable choc.

Viennent alors presque à chaque fois les mêmes questions : "Est-ce que mon père connaissait l'existence de cet enfant ? Et si oui, est-ce qu'il s'en est soucié ?".
Si ce n'est le cas, ces enfants sont bien souvent accablés et prennent dans un premier temps sur eux la faute de leur père. Ils voudraient réparer le mal qu'a fait leur père. C'est d'ailleurs souvent l'enfant français qui défend son père, voulant sans doute garder l'image qu'il s'est faite de lui intacte... (Pierre à sa sœur : ni toi ni moi ni pouvons quelque chose).

Si les enfants nous écrivent par centaines, rares sont par contre les lettres qui nous arrivent de mères françaises ayant eu un enfant d'un soldat allemand. Comme j'ai la grande chance d'avoir reçu deux lettres magnifiques, je ne voudrais pas manquer l'occasion de vous les lire. Jacqueline et Blanche savent que je vais vous lire leurs lettres et elles sont très certainement en pensée avec nous aujourd'hui. Elles m'ont demandé de leur faire part de vos réactions.
Ces deux femmes écrivent avec sincérité ce qui leur est arrivé. Elles écrivent aussi toutes les deux que c'est la première fois qu'elles osent se confier, ce qui me touche particulièrement. Je crois qu'elles parlent au nom de nombreuses femmes qui ont vécu les mêmes choses qu'elles mais qui n'en ont jamais parlé ou n'en parleront jamais plus. Leurs mots vous permettront peut-être de découvrir une face cachée de votre propre mère et de vous réconcilier un peu avec elle. C'est aussi la raison pour laquelle je voudrais vous les lire.


Jacqueline a aimé et aime toujours un ancien soldat allemand dont elle a eu un enfant.

Élise, elle, n'a pas eu d'enfant de son ami Hans. Sa lettre est un roman en miniature, un film dont on voit défiler les images bouleversantes. Je lui suis très reconnaissante de m'avoir permis de vous la lire.


*

Pour nous, les "Enfants de la Guerre",
mais aussi pour les personnes présentes à la lecture de ce témoignage, l'émotion fut très forte.
Gilbert nous a écrit : "Marie-Cécile m'a percé le coeur,
mon doigt derrière mon verre de lunettes ne suffisait pas à éponger mes larmes".






Meine Damen, meine Herren, liebe Freunde,

Danke, liebe "Kinder des Krieges", dass Sie sich auf die Reise nach Berlin gemacht haben, eine Reise die für einige von Ihnen eine schwere Prüfung ist. So können wir uns endlich "in echt" kennen lernen. Ich hoffe, dass Ihnen Ihr Aufenthalt in Berlin immer angenehm in Erinnerung bleibt. Ich hoffe auch, dass weitere Treffen folgen werden, bei denen sich all diejenigen zahlreich begegnen, die diesmal in Berlin nicht dabei sein konnten.

Ich weiß, dass Sie sich alle miteinander verbunden fühlen, und das zu sehen, tut wahrhaftig gut. Sie wissen, dass Sie sich einander alles, was Sie belastet, anvertrauen können. Sie geben sich jetzt einander Kraft, nachdem Sie das ganze Leben geglaubt haben, das einzige Kind zu sein, das mitten im Krieg von einem deutschen Vater gezeugt wurde!

Als ich im Jahre 1983 bei der Deutschen Dienststelle (WASt) zu arbeiten anfing, also vor nunmehr 22 Jahren, machte ich mir keine großen Illusionen über die Arbeit, die mich erwartete: in altem Papierkram herumwühlen und obendrein zu einem eher finsteren Thema. Wie man sich doch irren kann!!! Im Laufe der Jahre sind diese alten Papiere Teil meines Lebens geworden, diese Arbeit wurde zur Passion...

Bis zum Jahr 2000 sind alljährlich bei der WASt einige Vaterschafts-Suchanträge aus Frankreich eingegangen. Man konnte sie an den Fingern einer Hand abzählen. Wir beantworteten sie, ohne uns eine Vorstellung vom Ausmaß des Phänomens zu machen...

Die Anzahl der Anfragen stieg ab 2003 steil nach oben, nachdem der Dokumentarfilm über die "Feindeskinder" (Enfants de Boches) von Christophe Weber und Olivier Truc gelaufen war. Dabei machten wir bereits die Bekanntschaft mit Elisabeth und ihrer Mutter Madeleine, der ersten Mutter, die den Mut hatte, offen Zeugnis abzulegen von den grausamen Tatsachen, die sich zur Zeit der Befreiung in Frankreich abgespielt haben. Ich bin sicher, dass Ihnen wie mir auch dabei die Tränen gekommen sind. Hervé ist in diesem Dokumentarfilm auch als Zeuge aufgetreten. Er hätte jetzt unter uns sein müssen, doch es traf ihn ein harter Schlag. Wir denken ganz besonders an ihn.

2004 haben all Ihre Zeugnisse im Buch "Die Kinder der Schande" von Jean-Paul Picaper und Ludwig Norz ein Übriges bewirkt, denn 2004 haben wir 320 Anträge von Französinnen und Franzosen bekommen, die nach ihrer Herkunft suchen. Endlich packte man dieses Thema an, endlich wurden die bis dahin unausgesprochen Tabus beim Namen genannt. Man trat aus dem Schatten ans Licht...

Die Briefe, die uns erreichten, begannen oft mit folgenden Worten: "Erst vor kurzem habe ich erfahren, dass mein Vater ein deutscher Soldat gewesen ist."
Eine Minderzahl hatte es immer schon gewusst, einige erfuhren es im Jugendalter oder beim Erreichen der Volljährigkeit (ich denke z.B. an Béatrice, die es am Tage ihrer Hochzeit erfuhr! Ohne dass die Eltern es mitbekamen, wurde sie Ohrenzeugin ihres Disputs, und sie begriff, dass ihr "Vater" nicht wirklich ihr Vater war. Sie trug lange Zeit dieses schwerwiegende Geheimnis mit sich.

Ich denke, dass der Übergang aus dem aktiven Leben ins Rentenalter für viele von Ihnen der Auslöser war, um auf die Suche zu gehen. Sie haben diesen Zeitpunkt Ihres Lebens abgewartet, um Ihr Haus vom Keller bis zum Dachboden aufzuräumen, um Ordnung in Ihr Leben zu bringen. Einige schreiben mir sogar: "Ich möchte nicht sterben, ohne zu wissen, wer ich bin."

Auch die Tatsache, dass die Mütter älter werden und nach und nach sterben, hat sie zum Reden gebracht. Die eine oder andere der Mütter hat Frieden in ihrer Seele gefunden und dem eigenen Kind anvertraut, wer es tatsächlich ist. Andere erfahren es kurz nach dem Ableben ihrer Mutter beim Sortieren der Papiere oder auch von Verwandten, die es wiederum immer gewusst hatten!

Chantal hat wunderbar in Worte gefasst, was all diese Kinder empfinden:
"Um mich endgültig selbst zu finden, um zu wissen, welcher der unbekannte Teil meiner selbst ist, wüsste ich wirklich zu gern, was mit meinem richtigen Vater geschehen ist. Wir müssen aufhören mit dieser innerfamiliären Geheimnistuerei. Eine neue Generation wächst nach, sie soll nicht ebenso unter dieser großen Leere leiden, die sich hinter unseren Wurzeln verbirgt.

Diese Recherche ist von großer Bedeutung für mich. Der Aufschluss würde dem Unbehagen, das ich 60 Jahre lang wegen der Unkenntnis empfunden habe, ein Ende setzen. Mein einziger Wunsch besteht darin zu wissen, was für ein Mensch mein Vater war, was für ein Schicksal er erlitten hat, welcher Teil in mir von ihm stammt. Seine Geschichte ist für mich lebenswichtig, weil ich mich seit ewigen Zeiten wie amputiert fühle, als fehlte ein Stück von mir. Es war schwer, diesen Brief zu schreiben, er ist so voller Hoffnung!"

Selbst wenn solche Anfragen täglich bei uns eingehen, kann uns keine unberührt lassen. Ob es sich um vier Zeilen in einer E-Mail oder um einen drei Seiten langen Brief handelt, birgt jede Anfrage ein herzzerreißendes Schicksal, das uns manchmal erst in einem zweiten Schreiben offenbart wird. Wir entdecken dabei aufwühlende, zuweilen erstaunliche Zeitzeugnisse wie etwa folgende:

Jacques,
der in seiner ersten Mail keinen Kommentar abgegeben hatte und von dem ich später erfuhr, dass sein leiblicher Vater drei Kinder in Frankreich hinterlassen hatte, bevor er 1948 verstarb. Im Zuge der Recherchen stellte sich heraus, dass seine Frau in Deutschland bis 1956 nach ihm suchen ließ und sie vielleicht niemals erfahren hat, was ihrem Mann zugestoßen war.

Brigitte,
die ihre Kindheit und Jugend in einem Waisenhaus zugebracht hatte, schwere physische und psychische Schäden erlitt, musste sich 2001 von der eigenen Tante sagen lassen: "Du hast schon deiner Mutter das ganze Leben versaut, du wirst jetzt nicht noch den Dreck in einer Familie in Deutschland breit treten!"

Anny,
die sich eine Ohrfeige einhandelte, und der statt einer Antwort ins Gesicht gespuckt wurde, als sie die Frage nach ihrem Vater stellte. Dazu nur die Bemerkung: "Mein Privatleben geht dich gar nichts an!"

Bernard,
der seine ersten drei Lebensjahre in einem Keller hinter der Kohle versteckt verbrachte.

Marie-Christine,
deren Vater Willi von der Gestapo festgenommen, zum Tode verurteilt und wegen Desertierung erschossen worden ist.

Gérard,
der einen Leidensweg hinter sich hat, wie er ihn in seinem erschütternden Buch nachzeichnet: "Né à St. Malo de père allemand" (Geboren in Saint Malo, von einem deutschen Vater gezeugt)

So könnte ich unzählige Beispiele bringen...

Fast jeder von Ihnen hat wegen seiner Herkunft gelitten, physisch oder psychisch, oftmals auf beiderlei Art und Weise… Einigen ist dies erspart geblieben, z. B. Michel, der mir sagte: "Ich habe gerade das Buch ausgelesen, und mir steigen noch die Tränen in die Augen, wenn ich nur daran denke. Ich bin sehr erstaunt denn das habe ich alles nicht erlebt. Meine Mutter hat mich wie ihre ganze Familie gehegt und gepflegt, ohne dass auch nur ein böses Wort gefallen wäre."

Wir bei der WASt sind uns dessen bewusst, dass wir für einen jeden von Ihnen die letzte Hoffnung sind, den Vater zu identifizieren, ein Gesicht und einen Namen zusammenzubringen, Begegnungen mit Verwandten in Deutschland herzustellen, die innere Sammlung vor einem Grab zu ermöglichen...

Die Aussagen von Männern und Frauen, die ihre gewünschten Informationen erhalten haben, sind sehr stark:

Claudie:
"Ich bin noch völlig aufgewühlt von Gedanken und Emotionen. Ich komme aus Polen zurück, wo ich meine gesamte Familie väterlicherseits getroffen habe (die Schwester, den Bruder, den Schwager, die Schwägerin, Nichten, Neffen, Großneffen und sogar die Cousine mit ihrer kleinen Familie). Ich bin mit offenen Armen, sehr herzlich aufgenommen und von allen mit Geschenken bedacht worden. Ein Traum! Jeder versuchte, das Leben meines Vaters nachzuzeichnen: Wahres, Anekdoten, Photos. Jetzt habe ich nicht nur eine Familie gefunden, sondern auch meine persönliche Geschichte akzeptiert. Ich habe zu mir selbst gefunden."

Eric:
"Ich weiß nicht, wie ich mich Ihnen gegenüber erkenntlich zeigen soll, denn ich hatte ganz und gar nicht daran gedacht, dass ich so etwas erleben würde."

Jean:
"Mit Manfred, meinem Bruder, habe ich ruhig vor dem Grab unseres Vaters verweilt. Wenn Sie wüssten, wie gut mir das getan hat (zugleich tat es auch weh, denn ich hätte ihn vielleicht zu Lebzeiten kennen können, das bedaure ich zutiefst)! Doch bereits, als ich mit meiner Frau in dieser Stadt herumlief, sagte ich dauernd zu ihr, dass mein Vater wohl hier vorbeigekommen sein, an diesem oder jenem Ort gewesen sein müsste.
Jetzt ist mir leichter ums Herz, und am Grab meiner Mutter war am 1. November alles anders. Ich weiß nicht, wie ich Ihnen das je danken kann."

Martine:
"Als ich Ihren Brief bekam, hätte ich in alle Welt hinausschreien wollen, dass mein Vater Deutscher war, doch mein Alter und der Anstand geboten mir zu schweigen. Ich habe fast 60 Jahre ohne Vater gelebt, heute darf ich ihn ganz laut beim Namen nennen. Das ist wunderbar!"

Odile und Cécile
(Enkeltöchter eines deutschen Soldaten. Ihr Vater Paul verstarb im Jahre 2003, ohne dass er je erfahren hat, wer sein Vater war.)

"Wir haben also das Wochenende bei Tante Gerda verbracht, ein Wochenende voller Freude und Liebe. Wir haben viel erzählt, viel geweint, auch viel gelacht. Es war, als hätten wir uns schon immer gekannt. Unser Papa konnte nicht an diesem Glück teilhaben, doch ich bin sicher, dass er - von da oben - bei uns war."

Leider ist es uns nicht möglich, allen, die sich an uns wenden, die Wünsche zu erfüllen … Und jedes Mal bedauern wir es zutiefst, einem Mann oder einer Frau, deren letzte Hoffnung wir bei der Forschung nach ihren Wurzeln sind, mitteilen zu müssen, dass wir keine Möglichkeit haben, ihnen zu helfen...

Die Dokumentation, die bei der Deutschen Dienststelle der WASt verwaltet wird, bezieht sich auf die Dienstzeit der ehemaligen Soldaten der Wehrmacht, in keinem Fall jedoch auf deren Beziehungen zu Zivilisten, in welchem Land auch immer. Diese Dokumentation kann in dem einen oder anderen Fall lückenhaft sein. Sehr oft fehlen Teile in dem Puzzle, d. h. dass nicht alle Versetzungen, Krankenhausaufenthalte, Gefangennahmen zwangsweise erwähnt sind. In einigen Kategorien (SS, Polizei, OT) sind nur bruchstückhafte Informationen enthalten, oft fehlen sie ganz, weil sie am Ende der feindlichen Auseinandersetzungen vernichtet wurden. Andererseits sind Fotos der Soldaten eher selten in den Archiven vorhanden.

Wenn Sie die WASt besichtigt haben, wissen Sie, dass die Zentralkartei 18 Millionen individuelle Karteikarten umfasst. Diese Dokumentation wurde also in alphabetischer Reihenfolge angelegt, was am logischsten ist. Sie kann nicht nach den Stationierungsorten der Soldaten sortiert werden.

Das Datenverarbeitungssystem ist leider noch sehr unzureichend entwickelt, das bedauern wir als erste, insbesondere in den Fällen ganz genauer Recherche.

Manchmal müssen wir auch erklären, dass die Deutsche Dienststelle der WASt kein Amt für die Nachforschung von unbekannten Vätern oder Müttern ist. Das stellt übrigens nur einen kleinen Teil unserer Arbeit dar, selbst wenn dieser der Interessanteste ist.

Wenn die Recherchen das Auffinden eines lebenden Vaters ermöglicht haben, ist das selbst für uns jedes Mal ein angstvoller Moment … Wie wird er reagieren? Wie soll man einem Kind mitteilen, dass sein Vater es nicht sehen und sogar nicht einmal mit ihm in Briefkontakt treten will?

Das Kind schreibt uns zwar "Wenn er mich nicht kennen lernen will, werde ich seine Entscheidung respektieren", aber was für eine Verzweiflung, was für eine Enttäuschung, sich ein zweites Mal verlassen zu fühlen...
Die meisten noch lebende Väter willigen ein, ihr Kind zu treffen. Wenn sie ihr Glück auch als großartig und ehrlich empfinden, der Schmerz ist es gleichermaßen für sie, weil sie so viele Jahre verstreichen ließen, ohne zu wissen, was aus diesem Kind geworden ist, so viele Jahre, die sie beide nicht mehr nachholen können. Maud könnte ihn davon ein Lied singen...

Ist der Vater verstorben, was heute meist der Fall ist, ist die Reaktion der Familien in Deutschland sehr verschieden, angefangen von kategorischer Ablehnung bis zu spontanem Enthusiasmus.

Doch auch wenn die Familien auf unseren Appell positiv eingehen, heißt das nicht, dass alles "wie am Schnürchen" abläuft.

Die Französin/der Franzose, die auf der Suche nach ihrem Vater oder ihrer Familie sind, wissen sehr wohl, dass es schief gehen kann, dass die Geschwister jenseits des Rheins einen Kontakt ablehnen können. Sie sagen oder schreiben: "Wenn sie mich nicht kennen lernen wollen, verstehe ich sie ganz gut, doch ich muss bis zum Ende gehen." Aber auch dann: was für eine Enttäuschung, was für ein Schmerz für sie, wenn diese Geschwister absolut nicht wünschen, ihre Bekanntschaft zu machen, wenn sie es ganz offen sagen oder einfach niemals auf unsere Bitte antworten, selbst nicht bei wiederholten Malen!

Für die deutschen Geschwister ist es keine leichte Angelegenheit, plötzlich von der Existenz eines Bruders oder einer Schwester in Frankreich zu hören. Die Freude und die spontane Neugier, mehr darüber zu erfahren, haben oft eine schmerzvolle Zeit zur Folge. Von einigen hörte ich, dass sie die Hilfe eines Psychotherapeuten brauchten. Sie glaubten, ihren Vater besser zu kennen als sonst irgendwer, sie glaubten, alles über seine Vergangenheit zu wissen. Und plötzlich bringt ein riesengroßes Geheimnis das Bild vom Vater von einer Sekunde zur nächsten ins Wanken. Während das französische Kind seit Jahren auf diesen Moment wartet, ist es für die deutschen Halbgeschwister fast immer ein richtiger Schock.

Bei fast jedem Mal werden die gleichen Fragen gestellt: "Hat mein Vater von der Existenz dieses Kindes gewusst? Wenn ja, hat er sich darum gekümmert?"
Ist dem nicht so, quälen sich diese Kinder oft und nehmen die Schuld ihres Vaters zunächst auf sich. Sie möchten das Übel, das ihr Vater angerichtet hat, reparieren. Es ist übrigens oftmals das französische Kind, das seinen Vater verteidigt und das unbescholtene Bild, das es sich von ihm gemacht hat, bewahren möchte... (Pierre meinte zu seiner Schwester: "Weder du noch ich können etwas dafür.")

Wenn von diesen Kindern Briefe zu Hunderten bei uns eingehen, so bekommen wir doch wenige von französischen Müttern, die ein Kind von einem deutschen Soldaten geboren haben. Da ich das große Glück hatte, zwei wunderbare Briefe zu bekommen, will ich diese Gelegenheit nicht versäumen, sie ihnen vorzulesen. Jacqueline und Elise wissen, dass ich Ihnen ihre Briefe zu Gehör bringen werde. Sie sind heute sicher in Gedanken bei uns. Sie baten mich, ihnen von Ihrer Reaktion zu berichten.
Diese beiden Frauen äußern sich ganz ehrlich darüber, was ihnen widerfahren ist. Sie schreiben auch beide, dass sie zum ersten Mal den Mut haben, sich anzuvertrauen, was mich besonders berührt. Ich glaube, sie sprechen im Namen der unzähligen Frauen, die Gleiches erlebt, jedoch nie darüber gesprochen haben oder es nie (wieder) tun werden. Ihre Worte werden Ihnen hier vielleicht eine versteckte Seite Ihrer eigenen Mutter entdecken und sie mit ihr etwas versöhnen helfen. Auch aus diesem Grund möchte ich sie Ihnen vortragen.

Jacqueline
liebte einen ehemaligen deutschen Soldaten, und sie liebt ihn noch immer. Von ihm bekam sie ein Kind.

Elise,
dagegen hat von ihrem Freund Hans kein Kind bekommen. Ihr Brief ist ein Miniatur-Roman, ein Film, dessen erschütternde Bilder man ablaufen sieht. Ich bin ihr sehr dankbar, dass sie mir gestattet hat, ihnen daraus vorzulesen.


Marie-Cécile Zipperling
Berlin, im April 2005



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