P O È M E S
G e d i c h t e



Poème de Viviane COURTIN

Papa

Tu as aimé Marcelline la fière, ma mère
Elle t'aimait, toi Willi, mon père
De cet amour je suis née
C'était la guerre et tu étais marié.
De ma famille maternelle je suis détestée
Pourquoi tant de mensonges et de secrets
Puisque vous vous aimiez.

Que de douleurs dans mon enfance perturbée
Petite fille triste, fille de boche, humiliée
Sans l'amour d'une mère et d'un père je fus élevée
L'espérance m'a aidé à vivre pour te retrouver.

La vérité sur mes origines est enfin arrivée,
Enfin des langues se sont déliées.
À Pithiviers, Micheline et toi Papa, des vies vous en avez sauvées
Et vous avez été dénoncés.

Avec tes petits-enfants nous sommes fiers de toi
Dans tes lettres, tu parles de moi
À présent je sais que tu m'as aimé
Moi ta petite Viviane jamais oubliée.

À Düsseldorf, Wilhelm et Anne-Marie tes deux enfants retrouvés
C'est l'amour fraternel qui nous a rapprochés.
Toi aussi je t'ai retrouvé
Malgré les pistes brouillées,
Mais tu étais décédé
Sur ta tombe j'ai pleuré.
De toi, il faut faire le deuil et je ne peux accepter
Tu habites mon coeur et mon esprit entier.

Toute ma vie dans l'attente de te retrouver
À jamais le manque de toi ne peut s'effacer,
La guerre nous a séparé.
Maudite soit la guerre qui m'a privée d'un père qui m'aimait
Mais il ne faut jamais désespérer
Car toi Willi, mon père, maintenant j'ai le droit de t'aimer.

14 mai 2008.




Poème de Monique


Le Mystère,

Maintenant c'est sûr je le sais
Je ne te connaîtrai jamais
La réponse que j'attendais
N'a pas été celle que j'espérais.

J'avais encore de l'espoir
Aujourd'hui c'est le désespoir
Pourquoi m'a-t-on punie
Et ne m'a-t-on rien dit ?

Je n'avais rien demandé
Je voulais être aimée.
Savoir qui est son père
Ne devrait pas être un mystère.

Ce secret si bien gardé
Toute ma vie m'aura hantée
On a décidé pour moi
Mais qui, et pourquoi ?

Lorsque je l'ai demandé
Il fallait me l'expliquer,
Cela m'aurait rassurée
J'aurai pu comprendre
Et enfin me détendre.

Tous ces mensonges m'ont hérissée
À jamais j'en resterai marquée
Je voulais juste savoir son nom
Mais tout le monde m'a dit non.

Ainsi tel était votre désir
Personne n'a voulu me dire
Je reste avec mes questions
Auxquelles personne ne répond.

Vous m'avez donné la vie
J'en ai payé le prix
Comme vous l'avez voulu
Le secret a été bien tenu.

Papa, Maman dormez en paix
Un jour je vous retrouverai.

A nn Atol




LUI
écrit en octobre 1999.

Il paraît "c'était l'ennemi",
Il paraît : tu l'aimais beaucoup,
Il paraît : tu m'aimais beaucoup,
Pourquoi es-tu parti ?

Elle était seule et sans amis,
Tu lui a donné ton amour,
Elle crut c'était pour toujours,
Pourquoi es-tu parti ?

C'est vrai, ici c'était la guerre,
Mais vous, vous étiez la lumière,
Vous vous moquiez bien des on-dit,
Pourquoi es-tu parti ?

Je viens d'apprendre ton existence,
J'ai soixante ans, et ton absence,
Hante et mes jours et mes nuits,
Pourquoi es-tu parti ?

On dit le temps, on dit la vie,
On dit les guerres, on dit la paix,
On dit que tout est oublié,
Pourquoi es-tu parti ?

Peut-être as-tu pensé à moi ?
Peut-être vis-tu tout près de moi ?
Mais il n'y aura pas d'oubli,
Pourquoi es-tu parti ?

À peine connu, disparu...
Aucune vieille photographie,
Aucun nom à mettre dessus,
Pourquoi es-tu parti ?

Le manque reste caché, tabou,
Un père allemand, mais ça c'est fou,
Certains n'aiment pas CE PAYS,
Pourquoi es-tu parti ?

Là-haut, je te verrai un jour,
Juste le fruit de votre amour,
Avec une joie infinie,
Pourquoi es-tu parti ?








ANITA  de  Savoie
lisant son poème "LUI"
lors de la conférence des
"Enfants de la Guerre".
Berlin - 11 Avril 2005.

Prix de la mention spéciale
de l'Institut Académique de Littérature Francophone 2005
au Concours des Poésiades de Bayonne.



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