Deutsche Version
Histoire de
Manfred ZISCH
né à Wittlich le 25 mai 1946.



Je m'appelle Manfred. Je suis né le 25 mai 1946 à Wittlich.
Ma mère a connu mon père français en mars 1945 à DREIS, localité allemande à côté de WITTLICH, dans le massif montagneux de l'Eiffel ; mon père était soldat des Forces Françaises d'Occupation. Avec plusieurs de ses camarades, il logeait dans notre maison. C'est ainsi que l'amour s'est noué entre eux. En octobre de la même année, il est rentré en France, et n'a plus donné de nouvelles.


Ma maman.

Manfred à 4 mois, dans les bras de sa maman.
Manfred à 2 ans, avec sa maman.


Manfred à 9 ans, en communiant.


Manfred, 21 ans.

J'avais deux ans quand ma mère est morte d'une grave maladie. J'ai été adopté par mes grands-parents, qui avaient à l'époque trois enfants plus âgés, très gentils avec moi. J'ai eu une enfance globalement heureuse dans la famille, mais également très difficile, sans père ni mère, ni personne pour les remplacer. Mon origine était dissimulée par mes grands-parents (rien n'était dit sur mon père inconnu). En 1956, je suis allé à l'école à Dreis. Les autres gamins m'ont vite appris que j'étais le fils d'un Français. Cela m'a toujours fait mal d'apprendre des détails sur mes origines par la bouche des autres, surtout des enfants. À 22 ans, j'ai entamé pour la première fois des recherches sur mon père, dans différents organismes et dans les archives, mais sans succès. En 1968, j'ai rencontré Metchild, une femme adorable, avec qui j'ai pû parler de tout, et qui a sans cesse été à mes côtés. Nous nous sommes mariés en 1971 : ma grand-mère m'a alors donné une enveloppe. Elle contenait la photo de quatre hommes, debout près d'un char français (le Du Guesclin, char de commandement du 2è escadron du 2è Régiment des Cuirassiers, ndlt).


Mon père, Claude M. en 1945.

Mon père est le premier soldat à droite... C'était la première fois que je voyais son visage : quelle ressemblance !
Dans l'enveloppe se trouvait aussi une lettre, écrite par un camarade de mon père : après son retour en France, mon père avait travaillé aux abattoirs de La Villette, près de Paris, mais ni nom, ni adresse exacte (seul nom connu de moi : Claude Mother ou Motta).

À 38 ans, j'ai entamé une deuxième période de recherches de mon père biologique, avec l'aide de quelques bons amis, mais nous avons très peu avancé. Vers 2009, j'ai entendu parler, à la télévision, par hasard, de retrouvailles de familles, organisées par l'ANEG.

J'ai alors essayé de joindre Fernand Rumpler, qui menait ces rencontres. Je lui ai raconté mon histoire, il s'est montré très enthousiaste, et m'a, jusqu'à présent, beaucoup aidé. Depuis cette époque, je suis membre de l'ANEG.
À l'ANEG, j'ai trouvé une grande famille aimante, des gens qui partagent avec moi le même destin, et s'entraident. Merci.


Manfred, en 2013.

Ces gens sont devenus mes frères et sœurs, et ils me donnent la force de continuer mes recherches sur les traces de mon père. Le temps s'enfuit, mais l'espoir reste.

Manfred
Avril 2013.


Retour à la
"Liste des Histoires"


"Enfants de la guerre"